Tracklist: - From blood of chrysalis - Insect drug - Desolation - Metamorphosis - Hybrid state - Strange vibrations - Liquid flows - The deformed army - Apprehension - Nothing I control - Sublimation - Imago
Label: Holy Records
(la chronique date de 2005)
Qu’il est difficile de parler de son groupe favori sans trop en faire et du coup perdre toute crédibilité… l’entité S.U.P, quel que soit le nom sous lequel on la présente, a toujours représenté à mon sens le summum de l’empathie et de l’intelligence musicale… Le groupe, récemment, nous a soumis à un vortex temporel, nous replongeant 10 ans en arrière en endossant à nouveau le nom de SUPURATION, nous gratifiant au passage du somptueux « Incubation », de la réédition du recueil de démos « 9092 » et d’une série de concerts bénis. Le 16 janvier 2005, à l’issu de l’ultime concert durant la Holy Party, SUPURATION a une nouvelle fois tiré sa révérence et laissé la place à S.U.P, leur permettant de donner enfin un successeur au mystique « Angelus ». Lors de la dernière transition (du passage de SUPURATION à SUP, j’entends), l’album « Anomaly » avait pris les fans du moment à contre-pied, tant cet album tranchait avec l’intemporel « The Cube ». L’histoire se répète aujourd’hui avec « Imago », ce qui est finalement devenu une habitude. Bref, « Imago » surprend. Il faut dire que la musique de nos nordistes préférés demande un effort certain pour en appréhender la pleine valeur. Chaque album se base en effet sur un concept, une trame sur laquelle est composée la musique… et tout le reste. Le souci du détail et le perfectionnisme se retrouvent jusque dans la pochette, dans le cas présent un autre superbe digipack, véritable petit bonheur pour tous les fans. Pour faire simple, un album de S.U.P(URATION) s’écoute comme on regarde un film… prendre des titres isolés revient à briser la cohésion de l’ensemble et écouter l’album d’une oreille distraite en se curant les dents relève du véritable gâchis. Il faut se plonger dans l’histoire, souvent torturée et futuriste, pour en ressentir toutes les émotions, les moments de panique, de résignation, de crainte et parfois… de joie. C’est à ce prix que « Imago », à l’instar des autres albums, prend tout son sens.
L’histoire « Imago », véritable récit d’anticipation, pourrait se situer dans un futur plus ou moins proche, ou un univers légèrement différent du nôtre, dans lequel chacun a la possibilité, en cas de maladie ou de dépression, de bénéficier d’une seconde chance en s’injectant une drogue nommée « chrysalide » qui apporte une totale régénérescence cellulaire. L’histoire débute au moment où le personnage principal prend cette drogue pour la seconde fois, malgré une formelle et fatale contre-indication. Le terme imago désigne la forme adulte et définitive des insectes subissant des métamorphoses, si cela peut vous donner une petite idée. On retrouve d’ailleurs ici des thèmes récurrents dans l’œuvre de S.U.P, à savoir les notions d’enfermement, de repli sur soi et de mutation, c’est un peu comme si le groupe effectuait une véritable introspection avec chaque album.
Musicalement, on pourrait dire que l’ombre de « Anomaly » plane sur « Imago »… par ce côté froid, parfois mécanique et parfois coulant de la musique. Toujours variée, elle alterne entre des passages planants et d’autres totalement écrasants, des moments purement aériens et d’autres plus agressifs (ne cherchez pas de brutalité dans un titre de S.U.P, la violence est toujours mesurée et utilisée à bon escient, afin de servir le concept), cette alternance coïncidant toujours avec le récit. Que ce soit pour son côté pop, coldwave, glacial, insectoïde, hypnotisant et même parfois entraînant, il me semble impossible d’étiqueter la musique de S.U.P autrement que de… s.u.pienne. Une des évolutions les plus marquantes sur « Imago » se situe au niveau de l’emploi de clavier, jusqu’à présent portion congrue de la musique, prenant ici une place nettement plus importante - sûrement trop importante pour certains… L’autre grand pas en avant concerne le chant. Les vocaux typiquement death ont perdu en puissance et en importance par rapport aux albums précédents, laissant la place à un chant clair tout bonnement vertigineux, l’évolution entamée sur « Incubation » et « Angelus » prenant ici une avancée spectaculaire ! Un point également concernant le dernier morceau, titre éponyme de l'album: il s'agit d'une instrumentale, chose assez rare pour être signalée, qui vient clôturer de fort belle manière et de façon toujours aussi ouverte l'album, laissant à l'auditeur le soin de déterminer de l'issue de cette histoire. En résumé, que ce soit au niveau des guitares, toujours aussi vibrantes, de la batterie soutenant l’ensemble, toute en finesse et précision ou de la basse ronflante, la patte S.U.P se retrouve aisément en « Imago », nouvelle facette de la créativité apparemment intarissable du groupe. Gageons par ailleurs que, malgré son titre, cet album ne sera pas leur imago, laissons encore de la place à l'évolution et aux prochaines surprises qu'ils nous réservent. Et si le groupe réussit l’exploit de me décevoir un jour, ce ne sera pas avec ce nouveau chef d'oeuvre.
Même si cette chronique peut passer pour de la sodomie de diptère, je ne saurais trop conseiller à quiconque ayant tenu le fil de mes propos jusqu’ici de tenter l’aventure S.U.P avec « Imago », ou avec n’importe quel autre album du groupe d’ailleurs (et je dis bien album, je ne parle pas de démos ou de live). On aime ou pas, c’est certain, mais le potentiel émotionnel est tellement énorme qu’il serait stupide de ne pas essayer.
From blood of Chrysalis
Insect drug
Hybrid state
The deformed army
SUP - Imago
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Mer 18 Aoû 2010 - 18:38