Mardi 5 octobre, un accident dans une raffinerie d’alumine a provoqué une vague de boue toxique qui a ravagé trois villages et menace le Danube.
Greenpeace s’inquiète des impacts sur la santé humaine et l’environnement de cette catastrophe, provoquée par la raffinerie d’aluminium d’Ajkai. Cette vague de boue a déjà dévasté plusieurs villages de l’ouest de la Hongrie. Le bilan actuel est de quatre morts et de 70 personnes hospitalisées.
Au vu de l’ampleur des dégâts, une quantité phénoménale de déchets toxiques pourrait avoir contaminé les eaux de surface et les sols. Les conséquences, immédiates comme à long terme, pourraient être très graves pour les écosystèmes des cours d’eau situés en aval. Les substances toxiques ont déjà contaminé le fleuve Marcal et devraient bientôt atteindre la rivière Raab, près de Győr, et Greenpeace a déjà envoyé une équipe sur place, afin de garantir que des recherches et des évaluations soient conduites en toute indépendance.
Un risque déjà identifié, mais pas anticipé …Des années avant que ne se produise cette catastrophe, les organisations écologistes hongroises avaient déjà attiré l’attention des autorités sur le fait que les contrats de privatisation restreignent et atténuent la responsabilité des entreprises. Les ONG avaient demandé l’instauration d’un système d’assurance obligatoire pour les entreprises, ainsi que la création d’une réserve de fonds en cas d’accident. En 2006, le groupe Clean Air Action avait demandé au gouvernement de rendre publics ces contrats, afin que les responsabilités de chacun soient connues de tous…
C’est la deuxième fois en dix ans que la Hongrie est confrontée à une pollution aux substances toxiques. En 2000, un barrage appartenant à une entreprise aurifère australienne avait cédé. Plus de 100 000 m3 de boue toxique contenant du cyanure s’étaient alors déversés dans le fleuve Tisza, entraînant la disparition de la faune et de la flore sur son passage.
Or si l’on compare les quantités de boues qui se sont échappées du réservoir de la raffinerie d’aluminium, l’intensité de la nouvelle catastrophe écologique est dix fois plus importante.
Ces boues rouges sont un danger pour l’environnement car les amas de résidus toxiques empêchent tout usage agricole de la terre. Une fois séchées, les boues rouges peuvent être transportées par le vent sous forme de particules vers des lieux d’habitation (situés à 10-15 km), s’infiltrer dans le sol et donc menacer la végétation et les sources d’eau potable de la région.
D’après le secrétaire d’État à l’environnement Zoltán Illés, la firme qui possède la raffinerie (Magyar Aluminium Zrt ) ne disposait d’aucun plan de secours. Les coûts des opérations de nettoyage sont à la charge de l’entreprise, mais si elle ne dispose pas des ressources suffisantes, l’État hongrois et l’Union européenne devraient aider le pays à faire face à la catastrophe écologique.
Des membres des bureaux de Greenpeace Hongrie, Autriche / Europe de l’Est sont sur place pour mener des recherches et évaluer les conséquences de cette catastrophe.
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Le gouvernement a dissimulé les concentrations élevées d’arsenic et de mercure[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Greenpeace a présenté les résultats d’analyses effectuées par ses soins sur des échantillons de
boue rouge, prélevés mardi dernier en Hongrie. Ces analyses ont révélé des taux de concentrations anormalement élevés, notamment pour l’arsenic, près de deux fois supérieure à la normale. Cette pollution toxique présente un risque à long terme pour les écosystèmes, notamment pour les sources d’eau potable. Les autorités hongroises dans leurs communiqués rassurants ont dissimulé la quantité des substances toxiques auxquelles sont exposés les citoyens !
50 tonnes d’arsenic se baladent dans la natureDès le lendemain de la catastrophe survenue à Kolontar, Greenpeace a recueilli des échantillons de boue rouge qu’elle a immédiatement confiés à l’Agence autrichienne fédérale pour l’environnement, à Vienne, ainsi qu’au laboratoire Balint, à Budapest en Hongrie. Les analyses effectuées par l’agence autrichienne ont révélé les valeurs suivantes : 110 mg d’arsenic par kg ; 1,3 mg de mercure par kg et 660 mg de chrome par kg.
Si l’on rapporte ces quantités au volume total du flux toxique, 50 tonnes d’arsenic se sont déversées dans l’environnement. D’après les analyses du laboratoire hongrois, effectuées sur des échantillons d’eau provenant d’un ruisseau de Kolontar, la concentration d’arsenic par litre est de 0,25 mg– soit un taux 25 fois supérieur aux limites fixées pour l’eau potable.
L’arsenic est toxique pour les végétaux et les animaux. Cette substance peut s’accumuler dans
l’organisme, particulièrement chez les invertébrés et les êtres humains, et affecter le système
nerveux. Le mercure peut s’infiltrer et s’accumuler dans la chaîne alimentaire, notamment dans les poissons, et provoquer également des lésions nerveuses. Lorsque le pH est élevé, comme dans la boue rouge, ces polluants restent relativement figés. Mais une diminution de la valeur du pH, comme c’est le cas dans les rivières, peut favoriser une lente dispersion de ces substances à grande échelle.
Malgré les déclarations officielles, l’écosystème du Danube reste menacé !
Le gouvernement hongrois doit faire face à ses responsabilitésGreenpeace accuse donc le gouvernement hongrois d’avoir dissimulé des informations concernant la toxicité de la marée rouge. Nous pensons que les autorités hongroises savent exactement ce que contient cette boue toxique. Pourtant, aujourd’hui, c’est Greenpeace qui doit informer victimes et citoyens des risques qu’ils encourent. Sans plus attendre, le Premier ministre hongrois Viktor Orban doit rendre publiques toute les informations dont il dispose, et demander à l’entreprise d’aluminium – et à ses riches propriétaires –d’indemniser les dommages subis par l’environnement et les victimes.
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