Sujet: La hutte exotique de Corto Maltese Mer 6 Avr 2011 - 3:30
Texte écrit récemment, avec l'aide de la 3e symphonie de Brahms. Il a été rédigé dans l'optique d'être parlé, tantôt slamé. Je ne mets pas les traces de crayons H2 qui expliquent la façon d'être récité, ou encore les changements de rhytme ou la synchronisation du texte pour que vous vous en fassiez votre propre idée à la lecture.
Peut-être est-il plus lisible avec...
Ce matin au réveil pas de matinée il était tard, 16h30 journée perdue je m'avance en aveugle.
Dans le vague à l'âme mon cerveau est un chauffard qui pense qui crève passe la 5e vitesse et beugle Que l'amour est mort ! Que le désir est futil ! (Asexué)récupère son collier d'or avant qu'elle ne le vende sur ebay, fronçant les sourcils, Ton ex, cette belle histoire de fesse. Elle vit. Et toi ?
Résine ou vin qu'importe tu jongles bien avec les deux Les tambours tambourinent au burin ton crâne et toi tu butines des souvenirs de son sexe. Ne te plains pas d'avoir eu vent de ses ambitions. Que serait devenu ton visage si plus de temps à ses côtés repoussait l'inévitable excision. Une infusion d'amour, une corne d'abondance qui cloue à l'amertume tes bons sentiments, ton bon sens. Sans façon reste dans la nonchalence. Ou alors remplace sa face par une phrase. Quant à sa perfection, interroge ton coeur assieds-toi. Broie du noir et écris (décris-là), la prose soulage et associée d'un joint, elle nourrit. Aimée, dulcinée oubliée il n'y a plus d'idylle. Ton ex remplace la déesse du palace de ta poitrine (Qui) Elle n'est plus que la glace de ton désespoir dont le coeur en est la vitrine. Oublie-là.
C'est dingue comme elle a changé depuis la dernière fois j'irgole pas elle tremble est toute pâle on croirait qu'elle sanglotte alors que moi je crois que ça va enfin il me semble enfin je crois. Elle me propose un café. Un pourparler ?! Qu-k-quoi je l'ai attendu si longtemps durant ces mois d'ignorance quand mon désespoir ne rencontrait chez elle que l'indifférence. Je devrais refuser c'est le moment ou jamais pour se venger mais au fond de moi il n'y a plus trace de rancoeur revoir ce minois ces yeux sa bouche un instant déjà ce panorama m'ensorcelle et j'accepte. Juste un café même si pour moi ce sera un chocolat. Quoi que, va pour un viennois. Elle me dit que j'n'ai pas changé je ris mais n'ose répondre, gêné. Je ne m'en aperçois pas encore mais elle vient de gagner. Au milieu de nos retrouvailles je fais la moue me voilà vulnérable. Là elle m'explique, le gros con ou plutôt le bel homme avec qui elle m'a trompé, sa vie, la leur, comment à lui seul il m'a vengé, elle me décrit la salope qui en est la cause moi j'voudrais jubiler de la situation mais n'ose et n'envoie pour tout commentaire ou réaction qu'interjections et d'autres locutions dignes des onomatopées d'un chimpanzée doublées d'un ton fleur bleue, aux odeurs d'orangers ou d'eaux d'rose. (à gerber)
(elle) Et toi ?
Et toi tu bafouilles elle se noie dans tes yeux Tu n'as rien oublié lui raconte où tu en es les longs mois de peine, l'inspiration, comment elle est présente sur toutes les chansons. Tu dis que t'es plus mûr et qu'ça se ressent sur l'album, Elle t'honore et dit avoir toujours cru en ton talent, te demande si t'es célibataire tu réponds que oui mais tu fulmines et là, au milieu du silence qui s'installe tu oses l'interpeller. "Pourquoi tu es partie ?" Et elle qui n'attendait que ça tel qu'elle te prend la main.
Te voilà reparti pour un tour sans protection gare à la brutalité de l'atterrissage ceci n'est pas une simulation et même si c'est dégueulasse du fait de ses traces qu'elle profite de toi pour remonter la pente qu'un autre que toi l'a fait dévaler. T'espère que cette fois ce sera différent tu te sens l'âme d'une exception. Mais rien ne changera ce sera toujours pareil, (fous le dans ta cervelle) même si vous recommenciez 7 fois. T'en fais pas ça durera moins longtemps (cette fois) avant qu'elle t'achève (cette fois) te voilà dans le piège (encore une fois) Elle n'a pas fini de jouer avec tes sentiments.
Ton ex, cette belle histoire de fesse, elle vit. Et toi ? Oublie-là, la meilleure vengeance c'est l'absence. Sa présence engendre ta méfiance (ta déviance). Fuie-là.
jbaptistemaltese
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Sujet: Re: La hutte exotique de Corto Maltese Ven 8 Avr 2011 - 20:53
zéro pointé ! Je ne pleure paaaas.
Alors ce qui suit...Est un prélude ? Disons une fausse introduction assez pédante (mais c'est volontaire) à un pamphlet plus copieux critiquant la reprise des technologies dans les débats moraux et politiques et comment internet est le reflet de l'essence même de la nature humaine, de ses tares et de ses rêves. Ou comment l'homme fait la machine et comment internet est l'image du monde selon les hommes.
J'ai internet. Et je m'y use.
Le jour où j'ai ouvert les yeux, le choc fut intense à un point tel que depuis, je ne les ferme plus. J'suis devenu tellement insomniaque que mes cernes viennent finir mon sourire. Inconscient, j'ne ferme pas ma porte d'entrée, et si flemmard que j'enchaîne les chinois mcdo ou lasagnes micro-ondables. Mais j'm'en fiche. J'ai internet. J'ai la connaissance, de la compagnie, et tout le reste. A portée de doigts. Tapote, tapote. Clap Clap, Partager. Au fond, t'as quelque chose d'intéressant à raconter, toi ?
Ta philosophie de comptoir, je la sublime sur un forum.
Tes photos artistiques, j'en trouve des milliers sur flickr.
Ta compagnie ? Je suis sur meetic, et j'rencontre des célibataires qui ont les mêmes points communs que moi. D'ailleurs, eux aussi m'ennuient. Ce qu'ils dévoilent sur internet est plus profond que ce qu'ils m'apportent le temps d'un café.
Tu as une bonne culture générale ? Moi j'utilise wikipédia.
Tu cuisines biens ? Pizzahut.fr
Quand j'ai plus de crédit j'te skype ou mail fb et à la place du cinéma ou de la télévision j'alloshow et j'allomovie.
Si j'dois faire une lettre de motivation en anglais j'tape reverso sur google.
Alors que j'rencontre quelqu'un qui me bouleverse, son passé m'apparaît sur les réseaux sociaux, et alors je me sens bien souvent de trop, au milieu de tous ces statuts que je ne comprends pas, ces liens qui m'indiffèrent et ces photos de soirées où je n'étais pas.
Les parents de ma femme venaient dîner à la maison, grâce à un site de recettes je leur ai concocté un menu antillais dont ils me reparlent régulièrement.
Je devais déménager, j'ai trouvé mon appartement sur PAP.fr et je suis allé sur Peuplade pour rencontrer des gens de mon quartier afin de connaître les bonnes adresses, sans avoir à bouger mes fesses.
Un jour que je rêvais de voyages, je suis allé sur google earth m'envoyer en l'air dans le grand canyon, j'ai marché avec google streets dans les rues de Tokyo, Stockholm et Bamako.
J'ai laissé tomber les brocantes pour ebay et mon Carrefour pour Telemarket.fr
Ma frustration sexuelle se soigne partiellement sur youporn.
Publicitaire, j'ai gagné ma vie quelques temps sur SecondLife, où je suis même devenu un agent immobilier.
Amoureux, j'ai calqué un poème sur xx-oOramplidepoèMOo-xx.skyblog
J'ai aussi troqué mes amis joueurs de tarot et de poker pour PartyPoker.fr, Everest et Zynga, yahoogames et jeuxflashgratuits.com
Ayant une douleur dans le rectum, c'est le forum doctissimo santé qui m'a informé sur mes symptômes, j'ai donc appris que j'avais un cancer du col du colon.
Je n'avais aucune conscience politique avant d'aller sur un site très intéressant autour de la théorie du complot et j'ai fini ma journée sur Première.fr, où j'ai appris que Dieudonné était homophobe et nazi.
Voulant rire, et trouvant la compagnie dans les bars de très mauvais goûts et envahis d'odeurs nauséabondes de rhum, j'regarde des vidéos d'une grand mère balançant un chat dans une poubelle sur koreus ou abrutis.com et je me sens mieux.
Comme j'aime bien la musique, mais que je n'ai pas le budget pour acheter des cd ou aller à des concerts, je regarde des live de U2 en direct de youtube et je télécharge la discographie de Pink Floyd sur PirateBay.
C'est débile. Internet m'est honnêtement très utile, il faut l'avouer.
Trouver mon chemin avec mon iphone sans le demander à personne, garder contact avec des amis rencontrés à l'étranger, trouver du travail sur PôleEmploi, retrouver un ami d'enfance sur Copainsd'Avant... Acheter mes billets de train sans me déplacer. Acheter sans me déplacer. Sans me déplacer. Me déplacer aujourd'hui, c'est pour faire quelque chose d'important, comme voir ma copine, gagner de l'argent ou "taper la grosse soirée", acheter de la drogue ou simplement aller en cours. Mais par contre, prendre la route pendant des heures me semble démodé, surtout si c'est pour me faire piquer par des bestioles. Les photos, elles, sont beaucoup moins dangereuses. Même mon loto, je le fais sur internet aujourd'hui.
Franchement je trouve ça cool. Vive le monde libre, vive internet qui permet la révolution en Tunisie ou en Egypte.
Alors oui, on pourrait trouver cela affligeant et c'est d'ailleurs légitime, penser à nos, à vos enfants en train de surfer sur internet est un sujet à polémique. Mais le problème n'est pas dans ce qu'internet cause comme problèmes, qu'il soit un nid de pédophiles sur les tchat publiques, qu'il soit un facteur de dé-sociabilité, le foyer du crétinisme hypertexte et de la perte d'acuité visuelle ou de mémoire des jeunes. Non. Le problème réside dans le simple fait qu'internet est un outil bien trop puissant pour certains, qui ne parviennent plus à mener une vie "humaine", ou "normale" aux yeux des autres à cause d'internet. Encore une fois internet est à l'image de ses créateurs. C'est une jungle où la différence mène à l'intolérance. Mais c'est aussi un monde ouvert où des messages de paix sont disséminés, comme un blog autour de Gandhi où cette vidéo où un amateur vient sauver une vieille dame de la noyade pendant des inondations en Australie.
Internet est un monde où l'homme devrait avoir les mêmes exigences envers lui même que "sur terre". Internet ne doit pas être une façade qui permette de manquer de respect à certains, de mentir sur soi ou de s'enfermer dans une dépression. En fait, c'est déjà le cas. Le fait est que sur internet, nos agissements sont visibles par le plus grand nombre et ont donc des répercussions qui nous dépassent. Mais tout de même, n'oubliez pas la douceur d'une matinée d'été, la rudesse d'un hiver, l'odeur d'une fleur, le toucher de l'écorce d'un arbre, le regard d'un animal, le stress des grandes villes et l'harmonie de la nature, le goût d'une bière ou d'un tiramisu, la chaleur d'un corps, la douceur ou l'absence de délicatesse d'un baiser, l'évasion d'un livre, le tumulte des vagues, le sable dans les chaussures. J'en viens à aimer ce qui me répugne sous prétexte que cela semble davantage vrai et vivant qu'internet. Et voilà une bien belle erreur.
Selon moi, il ne faut ni condamner ni vouer un culte à internet. Il faut vivre, et internet fait parti de notre monde. Il serait dommage de l'occulter, comme de s'y enfermer.
Keagan Admin
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Sujet: Re: La hutte exotique de Corto Maltese Ven 8 Avr 2011 - 23:03
Eh bien, pour être franche, les premières phrases de ton post m'ont fait un peu peiur, genre "en v'la encore un qui va déblatérer cent ans sur un sujet over traité, pffff".
Bah non. Je me suis pas emmerdée une seule fois en le lisant.
C'est un très beau texte, pleins de vérités. J'ai aimé ta façon de répéter chaque choses en y associant un site, ça accentue l'absurdité de la chose, comme si on ne pouvait plus rien faire sans ça. Mais surtout j'ai aimé ta conclusion, parce que oui, Internet nous fait oublier la beauté du monde, parfois.
Bravo, c'est très réussi. ^^
jbaptistemaltese
Nombre de messages : 25 Age : 33
Sujet: Re: La hutte exotique de Corto Maltese Ven 8 Avr 2011 - 23:44
Merci beaucoup !
ça me fait plaisir que tu dises ça car justement, si j'ai écris ça (bon j'avoue c'était pas mal sur un coup de tête) c'est parce que je trouvais les livres sur le sujet trop complexes. Je trouve que la plupart des débats autour d'internet sont stériles et que ses problèmes devraient être réglés en dehors (car dans la rue ou sur le net ce sont les mêmes...) avant de songer de les éradiquer de la toile.
Intolérance, racisme, dangers, droits d'auteurs, est-ce qu'internet a vraiment accentué ces problèmes ? (de plus, on connaît ceux qui véhiculent ces discours de peur autour de la sécurité et de la différence, de la peur de l'autre suivez mon regard) Pour moi la réponse est claire, mais elle ne l'est pas pour tout le monde, j'comprends qu'on puisse polémiquer, mais ceux qui le font ne trouvent que des réponses extrêmes.
Au delà, je ne pense pas du tout être le seul à penser cela, au contraire je pense que c'est une question de génération, nous sommes nés dans ces images de l'homme, dans cette société de l'image, et mieux encore (pour les générations 80), nous avons vu l'évolution de ce monde et avons, je pense, mieux analysé ses limites et les grands enjeux de demain. Place aux jeunes !
Et donc, (j'ai un peu perdu le fil, je suis fatigué.) sachant que tout le monde pouvait écrire un pavé avec mes opinions, j'ai préféré opter pour : - un étalage non-exhaustif d'exemples, une corne d'abondance de termes et d'images. - des tons différents selon les phrases pour mettre en exergue qu'il n'existe pas UNE bonne utilisation d'internet, ou UNE marche à suivre...
Merci en tout cas d'avoir lu, je sais que ce que j'raconte n'intéresse pas tout le monde!
Dernière édition par jbaptistemaltese le Ven 8 Avr 2011 - 23:46, édité 1 fois
jbaptistemaltese
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Sujet: Re: La hutte exotique de Corto Maltese Ven 8 Avr 2011 - 23:45
Toi {Des gaïetés de l'amour}
Spoiler:
Un nouveau jour s'ouvre à toi. Un petit air de printemps vient ajuster ta bonne humeur au beau fixe. Tu vois les arbres au milieu des rues et oublies les voitures et immeubles grisâtres qui la longent. Toutes ces branches nouvellement fleuries de feuilles vertes te comblent de joie. Ces troncs forts et imparfaits, à l'écorce parfois retournée et aux taillades des jeunes amoureux t'envahissent. Il n'y a aucune place pour ces réverbères, ces poteaux d'aciers et ce bitume vulgaire.
On est dimanche et tu vas simplement chercher le pain et le journal avant de t'avachir dans un fauteuil du café d'en face.
Quelque part tu t'admires, toi et tes petites habitudes. Tu as une vie agréable. Cet après-midi tu vas te promener dans la forêt. Enivré par les odeurs, tu iras hors des sentiers battus, grisé à l'idée de pouvoir t'égarer.
Tu aimes cette routine faîte de simplicité et de petits plaisirs. Tu te crois fort car loin de tout soupçon ou tracas.
Par cette belle journée de mai aux éclaircies nombreuses, rien ne peut t'arriver, rien ne va t'arriver, et cela te rassure.
Et puis, tu l'as rencontrée, cette jeune femme qui semble aller si vite. Elle est si belle et envoûtante, semble si intelligente et créative. Tu batifoles, tu ris, redécouvres le sens du partage. Elle sonne en toi comme une aveuglante lumière. Une lumière qui a transpercé la brume et l'opacité tranquille de ta vie. Une vie qui est désormais sans intérêt à tes yeux.
Serait-ce ça, un coup de foudre ? Une rencontre qui vient tout chambouler ? Te voilà désintéressé de tout, tu ne penses plus qu'à elle, à la revoir, à lui plaire. Ces habitudes que tu prenais un malin plaisir à vivre ont perdu toute leurs couleurs. Elle, au contraire, contient tous les arômes, pigments et nuances et disperse en toi toutes les couleurs. Elle est si naturelle.
Tu redoubles d'efforts pour être beau et désirable, outre un nouveau parfum, tu t'ornes d'une nouvelle paire de chaussures, d'une jolie veste quoi qu'onéreuse et d'un pantalon velours volontairement vintage.Tu ne ressembles à rien de concret. Habillé si drôlement, tu parais dérangé ou simplement sans goût. Selon toi, rien ne doit être négligé et tu nourris une certaine superficialité. Pour la première fois, tu redoutes le regard de l'autre. Tu veux lui plaire, à tout prix.
Et tu lui plais. A vrai dire, elle aussi ne jure que par toi et redouble d'efforts. Elle voit même ton côté fantaisiste à travers ton accoutrement improbable et te trouve un charme fou.
Bientôt, tu en as l'intime conviction, vous formerez tous deux une union aux allures parfaites. Très vite, tu lui proposes de passer deux semaines en ta compagnie, et très vite, tes sentiments pour elle explosent. Non sans une certaine fulgurance, vous faîtes l'amour tendrement, ce qui scelle votre rapprochement. Votre idylle naissante provoque stupeur et admiration dans votre entourage.
Tu es un homme nouveau, rassurant, en quête d'aventure. Tu voudrais tout découvrir, te dessine intéressant et cultivé. Tu redoubles d'efforts autrement plus profondément que dans la superficialité et ses anciens-nouveaux vêtements. Tu cherches par tous les moyens à être le meilleur homme possible pour mériter son amour et ne pas la perdre.
Vous vous étonnez à emménager ensemble. Cela va si vite. Tu chantes "Faith" de George Michael et racontes à ton entourage, avec une fierté non dissimulée, quelle femme vit à tes côtés.
Toujours dans le renouvellement, et subjugué par la passion qui t'anime, tu regardes les saisons défiler dans le plaisir à les vivre à deux. Tu la combles d'éloges et la noies de présents. Peu à peu, elle s'installe en toi, dévore une partie de ton âme pour s'y faire une place définitive. A partir de ce jour, tu ne seras plus jamais le même, tu seras presque deux, du moins la moitié d'un tout. Vous formez un couple, vous avez des amis communs et faîtes tout ensemble. Votre compatibilité est constamment modelée, testée, et s'use.
La flamme ardente qui te consume sans cesse ni baisse de régime se révèle avoir diminué chez elle. Elle semble se réveiller d'un enchantement après des mois de rêves.
Tu ne t'en aperçois pas encore, mais elle retrouve une lucidité qui t'a quitté il y a longtemps. Elle se confronte à son besoin de se retrouver, et cherche bientôt à reconquérir sa jeunesse et sa fougue. Elle veut récupérer la force qui t'avait plu chez elle.
De ton côté, tu sens bien que les temps changent et tu ne peux t'empêcher de paniquer. Tu dors mal et te poses les mauvaises questions. Non, il n'y a personne d'autre dans sa vie. Mais il se trouve que tu y prends une place conséquente. En vérité, tu y es omniprésent, et inversement.
Cela la trouble, elle ne comprend pas comment elle s'est retrouvée là, lucide, après tant de temps dans le mutisme et le coma de l'amour aveugle.
Elle te regarde, t'observe, toi si amoureux, toi si ancré dans ton quotidien. Elle ne reconnaît plus l'homme vivant qui cherchait chaque jour à alimenter son savoir et à lui faire partager. Lui aurais-tu menti ? N'étais-tu cet homme là que pour lui plaire ? Te serais-tu reposé sur tes lauriers ? Aurais-tu la sensation d'avoir acquis ce que tu convoitais ? Crois-tu pouvoir t'avachir à nouveau dans ton café, avec pour seule différence avec ton ancien quotidien de te savoir attentionné et en couple ? Ces impressions la répugnent, et bientôt, tu la dégoûtes. Vous ne vous caressez plus, ne vous embrassez que très rarement et sans la fougue des prémices de votre relation. Tu redoutes qu'elle te trompe, se voile la face et vit sous ton toit pour en profiter, du toit et de toi.
Tu t'égares, pleures sous "The Dragster Wave" de Ghinzu. Tu te morfonds, succombes de lamentations et deviens presque méchant. Elle te trouve faible puis compliqué, tour à tour excessif, égocentrique et capricieux.
Votre vie quotidienne devient un enfer. Vous manquez d'air et bien que tu ne sois presque plus chez toi, chez vous, tu l'étouffes. Te voilà désabusé.
Elle décide de partir vivre quelque temps chez une amie, afin de prendre du recul. Pour toi, c'est un coup dur : elle te quitte. Rien ne va plus. Tu souhaites devenir amnésique.
Tu veux tout oublier, elle peut tout reprendre, son corps, son odeur, ses lèvres qui hantent jour et nuit ton esprit.
Trois jours que tu n'es pas lavé, tu suintes dans ton peignoir nauséabond. Tu as repris la cigarette et t'enfiles des bières bon marché. Tu sembles avoir perdu tout espoir et pries pour que personne ne cherche à te joindre. Tu as débranché ton fixe, a coupé ton portable et commandes une énième pizza sur internet. Les immondices s'entassent et tu as la flemme de tout. Tu te trouves minables et te dit, que si tu avais quelque ami perdu comme toi, tu lui réclamerais un morceau de cannabis ou de plus violent encore pour noyer ta désillusion.
Tu vas jusqu'à engueuler le livreur de pizza qui sonne à la porte. Tu lui hurles de laisser le carton sur le paillasson, de garder la monnaie du billet glissé de l'autre côté du couloir. Tu cherches à couper tout contact avec l'extérieur. Retournant vers ton fauteuil, antre de ton désespoir, après avoir buté contre un pack vide de Cerveza, tu injures ce péquenaud de continuer à sonner avant d'entendre ton prénom au bout d'une voie féminine que tu reconnais immédiatement.
C'est impossible te dis-tu. Pas Elle. Pas maintenant.
Tu lui ouvres, elle s'offusque, s'insurge de te voir dans un tel état. Bien vite ses reproches deviennent des sarcasmes puis des cris. Elle t'aboie que cela ne fait que trois jours que vous êtes séparés, qu'elle venait juste chercher une partie de ses affaires de toilettes qu'elle avait oublié, notamment son exfoliant pour le visage asiatique, qu'elle n'arrivait pas à te joindre.
Tu t'effondres, lui dit ne pas vouloir vivre sans elle, elle t'insulte de psychopathe, te reproche d'être obsessionnel.
Tu lui prends le bras, en bon minable-à-peignoir, tu la supplies de te laisser une seconde chance. Elle t'ordonne de la lâcher, tu t'exécutes.
Elle prend un temps d'arrêt qui te semble une éternité avant de déblatérer le discours le plus cinglant de vérité de toute ta vie.
Tout y passe : tes défauts, ce qu'elle attendait de cette pause, qu'elle te testait, t'en voulait d'être sans cesse accroché à elle et t'explique que ton égocentricité exacerbée a ruiné votre relation. Elle te reproche de ne penser qu'à toi, d'être faible, te dit qu'elle avait déjà tout essayé pour que les choses s'améliorent mais que jamais rien n'avait changé car tu fermais les yeux et ne voyais en elle que ton abandon. Elle finit par t'achever en t'expliquant que cette "pause" était en vérité un ultimatum qu'elle t'avait imposé pour voir si tu étais capable de vivre sans elle, de reprendre une vie normale. Tout est fini, elle te dit que c'est mieux comme ça, qu'elle ne peut supporter quelqu'un qui dépend d'elle, que cela la détruit.
Alors que tu éclates en sanglot, elle quitte votre appartement, ou plutôt le tien, en te lâchant un amer adieu.
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Sujet: Re: La hutte exotique de Corto Maltese
La hutte exotique de Corto Maltese
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