Le slut-shaming est un concept assez connu aux États-Unis, mais dont on parle encore peu en France. Il existe pourtant, et vous l’avez probablement déjà rencontré.
Le slut-shaming, que l’on pourrait traduire par « stigmatisation des salopes », consiste à rabaisser ou culpabiliser une femme à cause de son comportement sexuel (pratiques, nombre de partenaires, vêtements « provocants »…). Concrètement, c’est votre camarade de classe qui raconte à tout le monde qu’unetelle est « une vraie salope » parce que c’est elle qui l’a dragué pour qu’il finisse dans son lit. C’est votre copine qui dit que cette fille est une pute parce qu’elle coucherait avec n’importe qui. C’est cette nana de Tumblr qui a ressenti le besoin de signaler à toutes les femmes que leurs poitrines doivent rester à l’intérieur de leur haut :
Il y a aussi ces groupes Facebook du type « Certaines devraient apprendre à fermer leurs jambes avant d’ouvrir leur bouche », ou ces « blagues » visant à humilier une femme en extrapolant sur sa sexualité – je pense aux photomontages de Marion Maréchal-Le Pen avec un pénis noir dans la bouche. Le problème, c’est que ce type d’humour entretient l’idée que le sexe est dégradant pour les femmes.
Les méfaits du slut-shaming
Commençons par les dommages les plus évidents : le slut-shaming blesse les personnes qui en sont victimes. Il peut même faire des morts, comme cette jeune américaine de treize ans qui s’est suicidée en mai dernier après des mois de harcèlement. Des filles avaient écrit « slut » sur son casier, et elle avait reçu des menaces de viol. Le rapport avec « Your boobs go inside your shirt » ? Une culture qui considère les filles sexuellement actives comme des salopes – en l’occurrence cette collégienne n’avait même jamais embrassé un garçon, mais les « réputations » n’ont jamais attendu la réalité.
À un niveau plus global, le slut-shaming encourage le viol : si une femme a certains vêtements ou comportements, cela signifierait qu’elle ne peut pas dire non (puisqu’elle aime ça, puisqu’elle le cherche…). Du coup, les filles veulent éviter d’avoir une réputation de salope de peur de se faire agresser ; du coup, ces comportements deviennent de plus en plus stigmatisés – et la liste de ce qui est provoquant s’agrandit de plus en plus. Cercle vicieux.
Pour se remonter un peu le moral, voici une vidéo d’une jeune fille qui dénonce le slut-shaming. 13 ans et déjà le cerveau bien en place, ça fait plaisir (en anglais) :
Au début la demoiselle explique que pour fêter ses deux ans sur Youtube, elle va participer à un défi « sept jours, sept sujets ». Elle explique ensuite qu’on peut ne pas être d’accord avec elle tant que c’est fait avec respect. Elle a choisi comme premier sujet qui lui tient à cœur le slut-shaming et pourquoi c’est mal. Elle commence par définir le slut-shaming comme le fait de stigmatiser une femme à cause de ses vêtements ou de sa sexualité. Le message que cela renvoie est que le sexe est mal, que tout le monde va vous détester si vous avez des relations sexuelles. « Oui, j’ai treize ans et je parle de slut-shaming. Faites avec. » Puis elle précise que le sexe est quelque chose de bien si vous en avez envie. Elle parle ensuite du rapport entre slut-shaming et viol, en précisant que le viol est dû aux violeurs et à une culture violente mais pas du tout « parce que c’est une salope ». Le slut-shaming empêche les femmes de s’exprimer, il objectifie leur corps. Enfin, elle déplore que des filles de son âge commencent à pratiquer le slut-shaming, et propose de leur montrer cette vidéo en espérant (sait-on jamais) que cela puisse les faire évoluer.
Combattre le slut-shaming
Nous avons tous intérêt à combattre le slut-shaming : les femmes, pour avoir la liberté de s’habiller et de se comporter comme elles l’entendent ; mais aussi les hommes hétérosexuels, puisque ce n’est pas franchement productif d’insulter les filles avec qui on couche si on a envie de recoucher avec elles, et parce que c’est plus marrant de coucher avec quelqu’un qui s’éclate plutôt qu’avec quelqu’un qui a peur d’être mal considérée si elle se lâche.
Alors, que faire pour combattre le slut-shaming ? Dans les initiatives collectives il y a les SlutWalks, qui sont spécialement dirigées contre le viol. On peut choisir de récupérer le terme, et de participer à « Sluts Unite ». On peut surtout continuer à se comporter comme on l’entend – même s’il y a toujours un débat sur les risques de la mini-jupe à une heure du matin dans la forêt (je vous vois venir).
À notre petite échelle je propose déjà d’arrêter de le pratiquer – comme j’essaie depuis quelques temps dutiliser un langage non-sexiste et d’arrêter avec le mot « tapette » (mais c’est dur à cause du Joueur du Grenier et de son « la subtilité, c’est pour les tapettes » à 5’37). J’imagine bien que vous ne culpabiliseriez jamais une femme de s’être faite violer, mais est-ce que cela ne vous arrive pas de traiter de salope une fille que vous trouvez vulgaire ?
Quelles que soient les motivations des filles qui portent des « fuck me shoes » (un nom inventé par des féministes – ô amertume – pour désigner les chaussures à talons très haut censément faites pour se faire baiser), des mini-jupes, ou qui couchent avec à peu près n’importe qui, gardez à l’esprit que vous n’êtes pas dans leur tête. « Elle doit être mal dans sa peau pour se comporter comme ça » n’est pas une excuse pour leur cracher dessus, même discrètement. Abstenons-nous de juger les gens sur leur sexualité et le monde tournera peut-être un peu plus rond – sur ce je vous laisse avant de me transformer en Hippie Jack.
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Je sais qu'il y a pas mal de "féministes" ou du moins de mecs et filles qui respectent au moins l'Humain dans sa généralité sur le forum, du coup je voulais vous partager ce petit article. Je trouve toujours autant abusé que "là bas plus qu'ici", on ait autant de discrimination "autorisée" sur le sexe féminin, qu'on le revendique tant et si bien que des lobbies existent. Je sais que quand c'est pas la sexualité, c'est les fringues puis le tour de taille qui est remis en question. Je sais aussi qu'on est pas mieux que d'autres (en gros exemple les pays qui speak english et l'asie), mais merde. Comment ça se fait que l'humain soit aussi con, puisse tomber aussi bas et revendique sa connerie ? Comment ça se fait qu'une gamine de 13ans, que DES gamines de 13ans nous parlent de politique, d'éthique, de sociologie et nous prennent par la main ? J'présume aussi que toutes ici, on a notre content d'histoires à propos et d'expérience vécues du "slutshaming". Je doute que ça nous amène à quelque chose en déballant que des petites "cailles" ou meme des vieilles dans des supersmarchées nous ont fait des remarques déplacées, mais bon. Du coup, pour la joke : Faut il repenser à la mise en place du port de la burqa ? Refaire des écoles non mixes ? Ou au contraire, parce que la 3/4 des parents sont vieux ou démissionnaires, arriver à sensibiliser les jeunes plus tôt encore sur la sexualité, jusqu'à banaliser le sexe et en rire ?
Mais bon, même sans forcément faire un débat ou rebondir sur ce que j'dis, je partage l'article, surtout
Keagan Admin
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Sujet: Re: Slut-Shaming Mar 24 Juil 2012 - 14:21
Merci pour ce topic, je ne savais pas qu'il existait un mot pour désigner ça. Et c'est vrai que c'est quelque chose à quoi on est confronté souvent (cf la fois où on m'a prise pour une pute parce que je portait un short... entre autres). Y'a surtout des réflexions qui blessent en ce qui me concerne. Bref, c'est bien d'en parler, quand même.
A.H. Admin
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Sujet: Re: Slut-Shaming Mar 24 Juil 2012 - 14:31
Pareil.
Honnêtement, y'a quelques années j'avais tendance à traiter de "salopes" certaines filles par rapport à leurs tenues vestimentaires ou à leur façon d'être avec les garçons, mais je crois que dans le fond c'était une sorte de jalousie. Aujourd'hui je ne juge plus une fille (et les gens en général) par rapport à ce genre de choses, faut apprendre à connaître une personne avant de se permettre ce genre de remarques déplacées et je m'en veux franchement d'avoir été aussi conne. Et puis maintenant je porte des jupes, des mini shorts, des bas résilles, des talons et ça me fait chier de me sentir juger et de me faire insulter de pute par quelques attardés. Les vêtements d'une personne où ses pratiques sexuelles ne sont pas des raisons valables pour la blâmer, on est en 2012, faudrait que les gens pensent un peu à évoluer bordel !
Depuis quand une fille qui porte une mini jupe veut se faire violer ? Depuis quand une nana qui se teint les cheveux en blond platine est une pouffe sans cervelle ? bref ce genre de choses sans fondement me révolte.
Maxmomo
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Sujet: Re: Slut-Shaming Mar 24 Juil 2012 - 16:26
Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir mais en a déjà fait un petit bout puisqu'il n'y a pas si longtemps, pour être traitée de salope (ou l'équivalent de l'époque) il suffisait de montrer ses chevilles en public. Bien sûr, pour que ça avance, il faut qu'il y ai des filles courageuses qui ne se laissent pas faire (hein ? quoi ? les spice quoi ?). Mais pour sortir de ce cliché, et pour revenir plus précisément au sujet, ce genre de phénomène est d'autant inquiétant qu'il met en avant une possible régression à ce niveau. Donc je pose la question à ceux qui en savent plus que moi : Est-on en présence d'actes marginaux au regard de l'évolution globale de la société ou s'agit-il d'une recrudescence de machisme (que ce soit de la part d'hommes ou de femmes) qui est inquiétante pour le futur ?
Invité Invité
Sujet: Re: Slut-Shaming Sam 12 Jan 2013 - 22:06
Je me permet de réagir ^^ Ah on est sur un forum ? CHOUETTE
Non sérieusement, pour ma part je n'ai aucun problème avec les filles et femmes qui aiment s'habiller en tenue légère, décontracté ou, allons-y dans les termes, sexy.La liberté, c'est la liberté, on fait ce qu'on veut. Que des gens puissent juger une femme d'après sa tenue vestimentaire, en l’occurrence de putain dans ce sujet. Ces gens ne sont que des étroits d'esprit à qui l'on ne peut rien faire comprendre ou rentrer. En revanche il y a fort à parier que ces mêmes personnes (masculines ici) accepte une partie de jambe en l'air avec ces filles qu'ils dénigrent. (ou certaines femmes, ne soyons pas homophobes évidemment)
Cela dit il y a quand même quelque chose qui me gonfle, c'est l'outrance. En effet, on peut porter des jupes et des bas (l'ensemble est quand même fort appréciable, ne nous en cachons pas) mais il y a, pour moi, des limites à ne pas franchir. Au-delà d'être sexy parce qu'on porte une jupe et un débardeur, je pense qu'il faut quand même éviter de tomber dans la vulgarité et la provocation.
Pour moi le sexy viens de la suggestion et non du voyeurisme (je ne savait pas trop quel termes employer.)
Après j'ai absolument rien à dire à une fille qui veut se taper plein de mec. Elle fait ce qu'elle veut ^^ Mais je n'accepte pas qu'on les traitent de putes là où un mec qui se tape plein de meuf est un tombeur. Fuck Logic.
A.H. Admin
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Sujet: Re: Slut-Shaming Dim 28 Avr 2013 - 1:23
Je flannais sur Twitter et je suis tombé sur une question plus ou moins formulée de la sorte :
Comment expliquer a une ado de pas s'habiller comme un tapin sans passer par du slut shaming ou par la rape culture ?
Keagan Admin
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Sujet: Re: Slut-Shaming Dim 28 Avr 2013 - 1:47
Bon déjà, avec les méga fautes de français, je comprends pas cette question. La question c'est comment dire gentiment à une gamine de pas se saper comme une pute?
Déjà: définir ce que le mot "tapin" représente: un mini short et un débardeur ou une robe rouge vif avec bas résilles...un mono-kini? Et en second: commencer par arrêter de considérer qu'il existe un style vestimentaire "pute", ça sera déjà bien... ^^'
Rhâlala, z'ont de ces questions, les gens... ^^'
Invité Invité
Sujet: Re: Slut-Shaming Lun 29 Avr 2013 - 0:41
De ce que j'ai lu, c'est en gros une gaminerie de collège à laquelle on a donné un nom top-moumoute en anglais qui rox du poney pour faire passer ça pour un courant de société.
Le "untelle c'est une pute" ça date de la nuit des temps.
Les raisons sont diverses et variées.
Wawash
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Sujet: Re: Slut-Shaming Lun 29 Avr 2013 - 9:16
C'est pas parce que ça date de la nuit des temps que c'est ok.
Le problème c'est qu'avec internet ça a pris des autres proportions. Il y a des pages facebook qui se créent pour se foutre de la gueule des gens, ces personnes sont harcelées même en dehors de l'école via les réseaux sociaux ... donc non, le problème n'est de toute façon plus le même.
Keagan Admin
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Sujet: Re: Slut-Shaming Lun 29 Avr 2013 - 15:54
Je suis bien d'accord. Puis oui, le nom qu'on lui donne, c'est pas important... "Slut-shaming" ou autre chose, ça ne change pas le fond qui est qu'il existe une tendance malsaine qui consiste à juger de la moralité des gens selon leur tenue et leur façon d'être. Alors certes, c'est pas nouveau (y'a que le nom qui l'est), mais ça ne rend pas les choses plus acceptables. Se faire traiter de pute quand on porte un mini-short, je m'excuse mais ça n'a rien de réjouissant ni de normal. Et comme le dit bien Wawash, internet exacerbe les dérives de société qui en temps normal seraient restées tapies dans la discrétion. Internet, ça donne des ailes, n'est-ce pas? Le problème existe depuis longtemps mais ne se montrait que peu, la bienséance nous a toujours fait fermer notre gueule, mais sur internet, on peut dire tout ce qu'on veut sous couvert de la liberté d’expression et de sa neutralité. Mais le problème ne viens pas d'internet, bien sûr, après tout ce n'est qu'un outil. Et le problème du slut-shaming existe bien sans ça (d'où la création de l'organisme Ni Putes Ni Soumises, c'est bien évidement lié). Le fait est: c'est un problème, et comme chaque problème en ce bas monde, il mérite de trouver une solution. Hausser les épaules en se disant qu'après tout, ça à toujours été comme ça, ça n'est pas la bonne solution.
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Sujet: Re: Slut-Shaming Mar 30 Avr 2013 - 9:01
Strelok a écrit:
De ce que j'ai lu, c'est en gros une gaminerie de collège à laquelle on a donné un nom top-moumoute en anglais qui rox du poney pour faire passer ça pour un courant de société.
Le "untelle c'est une pute" ça date de la nuit des temps.
Les raisons sont diverses et variées.
J'ai jamais dit que c'était normal.
Ceci dit, quand je vois dans ma ville des filles de 12 ans au pifômètre en minishort avec une clope à la main, je me demande ce que font les parents. Et pourtant, là, le "slut-shaming' comme vous l'appelez, peut être une solution.
Pour les femmes plus mûres, en ce moment, on est dans un monde en train de muter. Internet pose des nouvelles contraintes, c'est sur. Mais on trouve de tout. Des trucs contre le fait de s'habiller super sexy comme l'inverse.
Invité Invité
Sujet: Re: Slut-Shaming Mar 30 Avr 2013 - 11:30
Strelok a écrit:
Et pourtant, là, le "slut-shaming' comme vous l'appelez, peut être une solution.
Oui évidemment, harcelons des gamines afin de leur imposer notre ordre moral rétrograde en matière de fringue. Autre chose très efficace parait-il, leur dire que faudra pas quelles s'étonne si elles se font violer. C'est pas con hein...??
Keagan Admin
Nombre de messages : 12008 Age : 35
Sujet: Re: Slut-Shaming Mar 30 Avr 2013 - 15:05
Commencez pas à vous mettre sur la trogne, hein.
On peut tout simplement dire à ces enfants que effectivement, elles sont encore des enfants et que certains atours sont le privilège des adultes (ou des ados un peu plus âgées). Il y a des moyens plus subtils et plus efficaces que de braquer ces jeunes.
Pour la clope, eh bien, j'ai commencé à 12 ans, et rien de ce qu'on a pu me dire n'a pu empêcher ça. Mais là n'est pas le sujet.
A.H. Admin
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Sujet: Re: Slut-Shaming Mar 30 Avr 2013 - 15:56
RTH a écrit:
Strelok a écrit:
Et pourtant, là, le "slut-shaming' comme vous l'appelez, peut être une solution.
Oui évidemment, harcelons des gamines afin de leur imposer notre ordre moral rétrograde en matière de fringue. Autre chose très efficace parait-il, leur dire que faudra pas quelles s'étonne si elles se font violer. C'est pas con hein...??
Ahah XD Ouais, indéniablement le slut shaming et la rape culture font la paire.
Ça me fait vaguement penser à l'histoire de cette jeune canadienne, Rehtaeh Parsons, dont le viol collectif a été filmé et diffusé sur le oueb, violé parce qu'elle était en état d'ébriété...la pauvre gamine s'est fait harceler et traiter de salope, d'après les dires de sa mère "Ses amis étaient contre elle, des garçons inconnus lui envoyaient des textos et des messages sur Facebook pour lui demander de coucher avec eux puisqu'elle l'avait fait avec leurs copains. Cela ne s'arrêtait jamais"...résultat, elle s'est foutue en l'air. Yay !
Invité Invité
Sujet: Re: Slut-Shaming Mar 30 Avr 2013 - 23:20
RTH a écrit:
Strelok a écrit:
Et pourtant, là, le "slut-shaming' comme vous l'appelez, peut être une solution.
Oui évidemment, harcelons des gamines afin de leur imposer notre ordre moral rétrograde en matière de fringue. Autre chose très efficace parait-il, leur dire que faudra pas quelles s'étonne si elles se font violer. C'est pas con hein...??
Je dis pas qu'il faut l'habiller avec une burqua, mais le moule-chatte à 12 ans c'est de l'abus.
Ordre moral rétrograde si tu veux, mais je préfère avoir une gamine qui se fait pas emmerder qu'une minipouffe qui se fait assiéger par tout les crève-la-dalle, qui y prends gout, et qui se retrouve sur les réseaux sociaux avec ce genre de montage :
Mais bon, tu fais (feras) ce que tu veux avec tes gamins
Invité Invité
Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 1:33
On en arrive carrément au jugement de valeur dis donc. Du reste, où ai-je dis que j'en voulais, des gamins...?
Keagan Admin
Nombre de messages : 12008 Age : 35
Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 2:10
Poppopop, minute minute: j'ai bien dit: commencez pas à vous foutre sur la tronche, ok? Me forcez pas à me la jouer annonce en orange kipique. Ce topic n'a pas pour but de dire qui fait quoi avec ses futurs gosses et si oui ou non il y aura futur gosse. Est-ce que je suis bien claire?
Le sujet est certes houleux, mais là surtout, ce que je vois c'est que vous ne montrez comme points de vue que deux extrêmes - que vous le vouliez ou non (ça je l'ai bien compris).
Il ne s'agit pas d'encourager les gamines de 12 ans à s'habiller de façon osée ou agir "comme des tassepé", ni de dire que ces mêmes gamines devraient se foutre sous une bâche et ne plus montrer un bout de cheville. Il s'agit seulement de dire qu'il est dangereux de coller une étiquette sur les gens (quelque soit leur âge, leur sexe, ou je ne sais quoi d'autre) en fonction de leur façon d'être, de s'habiller, ou de penser. C'est ce que fait le slut-shaming.
Azède
Nombre de messages : 4625 Age : 31
Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 9:57
Oooh mais non! Se mettre sur la gueule et s'insulter ça fait partie du débat!
Moi je suis d'accord avec Strelok et RTH!
Oui ce post sert à rien.
Nan plus sérieusement c'est vrai que souvent les gamines 11/13 ans ont pas conscience de leur corps et de comment il peut être perçu dans la sphère publique. Et là à mon sens c'est vraiment important de poser des interdits. Par exemple les talons au collège c'est no way, ce genre de trucs. Quand je vois une de mes cousines qui est au collège, la façon de s'habiller et de se mettre en avant c'est juste pas de son âge. Et du coup elle a tout un schème de pensée qui fait que pour elle, se mettre en valeur c'est forcément physiquement par des talons ou un décolleté plongeant, y'a pas d'autres alternatives. Attention, je suis pas en train de dire que si elle se fait emmerder ce sera de sa faute machin et tout. Je dis juste que c'est aussi aux parents de contrôler parce que de son côté la gamine a pas forcément conscience de ces choses-là et pense jamais à mal. Et perso, quand je vois comment sont les regards quand je sors, je me dis juste qu'une gamine doit avoir le temps de grandir pour avoir de la maturité par rapport à ça.
Invité Invité
Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 10:15
RTH a écrit:
On en arrive carrément au jugement de valeur dis donc. Du reste, où ai-je dis que j'en voulais, des gamins...?
Ce topic est un débat sur des valeurs, c'est normal qu'il y ait jugement de valeur, ça tombe sous le sens. Pour le reste, tu fais ce que tu veux avec ton zizi, là dessus, j'ai rien à dire.
AZ a écrit:
Oooh mais non! Se mettre sur la gueule et s'insulter ça fait partie du débat!
Moi je suis d'accord avec Strelok et RTH!
Oui ce post sert à rien.
Nan plus sérieusement c'est vrai que souvent les gamines 11/13 ans ont pas conscience de leur corps et de comment il peut être perçu dans la sphère publique. Et là à mon sens c'est vraiment important de poser des interdits. Par exemple les talons au collège c'est no way, ce genre de trucs. Quand je vois une de mes cousines qui est au collège, la façon de s'habiller et de se mettre en avant c'est juste pas de son âge. Et du coup elle a tout un schème de pensée qui fait que pour elle, se mettre en valeur c'est forcément physiquement par des talons ou un décolleté plongeant, y'a pas d'autres alternatives. Attention, je suis pas en train de dire que si elle se fait emmerder ce sera de sa faute machin et tout. Je dis juste que c'est aussi aux parents de contrôler parce que de son côté la gamine a pas forcément conscience de ces choses-là et pense jamais à mal. Et perso, quand je vois comment sont les regards quand je sors, je me dis juste qu'une gamine doit avoir le temps de grandir pour avoir de la maturité par rapport à ça.
+1 avec l'ensemble du message.
En fait, le "slut-shaming", tant que ça dérappe pas en viol et autres trucs salaces et violents, peut être une solution à l'abandon des parents face aux caprices de leurs gamins.
Puis bon, comme dit plus haut, ça date pas d'hier, les "aaaah la salooope!" et autres "t'es une pute" face à une mini pouffina, que celui qui n'en a pas balancé dans la cour de récré me jette la 1re pierre.
Pour les femmes maintenant, c'est un choix, s'habiller en tenue aguicheuse doit être assorti d'une résistance certaine aux moqueries et au regard lubrique des morts de faim. L'homme est formé ainsi, et même si on chassait le naturel, il reviendrait au galop.
Keagan Admin
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Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 14:35
Je sais pas si tu la recevra d'ici, la pierre, mais étant donné que je n'ai jamais insulté personne...
Je dirais juste: c'est pas une raison. C'est pas parce que ça existe depuis longtemps que c'est acceptable.
Il m'arrive de porter des tenues suggestive (OH!), et je ne trouve pas ça normal de me faire outrageusement draguer dans la rue, de me faire siffler ou traiter de pute. Non, la force que tu décrit ne doit pas faire partie du package. J’estime avoir le droit de me balader en mini jupe où bon me semble sans risquer de me faire insulter. Ce n'est pas à moi de me forger une carapace pour y faire face.
Invité Invité
Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 15:38
Keagan a écrit:
Je sais pas si tu la recevra d'ici, la pierre, mais étant donné que je n'ai jamais insulté personne...
Je dirais juste: c'est pas une raison. C'est pas parce que ça existe depuis longtemps que c'est acceptable.
Il m'arrive de porter des tenues suggestive (OH!), et je ne trouve pas ça normal de me faire outrageusement draguer dans la rue, de me faire siffler ou traiter de pute. Non, la force que tu décrit ne doit pas faire partie du package. J’estime avoir le droit de me balader en mini jupe où bon me semble sans risquer de me faire insulter. Ce n'est pas à moi de me forger une carapace pour y faire face.
Ok, je te propose donc de changer l'humanité Vas-tu arriver à convaincre environ 6 milliards de personnes ?
A moins que t'ait l'adresse du pays d'un monde parfait, dans ce cas, fait tourner, on se fait un peu chier ici.
Nan mais sérieux, évidemment qu'on devrait se balader avec les fringues qu'on veut ! Mais le monde dans lequel on vit n'est pas fait comme ça. Evidemment que t'as le droit de te balader comme tu veux, mais les autres seront pas punis non plus si ils te traitent. C'est con à dire, mais c'est la jungle! Si tu affrontes pas un minimum les autres, tu vivras recluse, et tu ne feras jamais rien de ta vie. N'y vois pas d'attaque personnelle, juste une conséquence d'un comportement donné.
Les codes de la société et les instincts primaires humains font monter la téstostérone quand on voit un morceau de fesse ou de sein. A moins que t'ait le charisme de Chuck Norris croisé avec Superman, tu ne pourras pas changer ça par toi même.
Keagan Admin
Nombre de messages : 12008 Age : 35
Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 15:48
Je ne pas convaincre 6 milliards de personnes mais je peut essayer et ça vaudra toujours mieux que fermer ma gueule et subir la connerie des autres. Le monde n'est pas fixe, il peut changer, mais évidemment si on attend les bras croisés en se disant "who tant pis", ça ne risque pas de bouger. Je préfère affronter la stupidité et être "recluse" (ce qui est déjà le cas) plutôt que de me laisser faire sans réagir. A moi toute seule je ne peut rien faire, mais je ne suis pas seule.
Invité Invité
Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 16:14
Keagan a écrit:
Il s'agit seulement de dire qu'il est dangereux de coller une étiquette sur les gens (quelque soit leur âge, leur sexe, ou je ne sais quoi d'autre) en fonction de leur façon d'être, de s'habiller, ou de penser. C'est ce que fait le slut-shaming.
C'est bien ce que je dis, mais je fais quoi si la personne en face n'arriver pas à réfléchir plus loin que le bout de son petit nez pour le comprendre comme en témoigne la stupidité de sa dernière remarque sur ma teub’ ?
Strelok a écrit:
Ce topic est un débat sur des valeurs, c'est normal qu'il y ait jugement de valeur, ça tombe sous le sens. Pour le reste, tu fais ce que tu veux avec ton zizi, là dessus, j'ai rien à dire.
Faux, ce topic n'est pas un débat sur des valeurs, mais sur les pratiques qui y sont associées ainsi que sur leur extrapolation à autrui.
Déjà, on a la question épistémologique inhérente à chaque néologisme, à savoir : la définition du terme (et à fortiori quand il découle d’un concept anglophone). Je vois pas comment on peut engager un débat si on n’est pas au clair dans ce qu’il faut mettre derrière, sans aller jusque dans la querelle formelle sur l’appropriation du terme de « salope » (est-ce que c’est jouer ou non le jeu de ceux qui rabaissent les femmes ? Y’a un débat dans le genre chez les féministes). Le constat en la matière, c’est que tu n’as pas l’air de donner le même sens au « slut-shaming » que la plupart des gens de ce forum.
Si on s’en tient au concept, le « slut-shaming » serait rabaisser ou culpabiliser une femme à cause de son comportement sexuel selon l’article de Noumenie.
Et c’est là que j’ai un gros problème avec ton discours, parce que de ce postulat le « slut-shaming » soutiens que l’appropriation du sexe chez la femme devrait rester tabou, voire impropre. Or, t’en fait une arme pour retirer à des ados la volonté de se fringuer d’une certaine manière, parce que tu décrète que ça fait d’elles des salopes ou des « mini-pouffes » sans autre forme de réflexion. Plouf…
(On pourrait par exemple se demander quelle sens les gamines portent au fait de se fringuer selon une envie qui leur est propre mais j'y revient plus tard.).
Autre petit soucis sur lequel je n’peux qu’être en opposition, l’idée selon laquelle le jugement de valeur tombe sous le sens. Bin non, ça n’tombe pas sous le sens, à fortiori quand il intervient dans le cadre d’un débat qui se veut critique sur des comportements sociaux. Je n’dis pas que je ne produit jamais de jugements de valeur, ça relèverait de la pure escroquerie intellectuelle. Je dis tout simplement qu’il est à contextualiser et utiliser dans une sphère personnelle et non invasive. Lorsqu’il y a production d’un jugement de valeur, il y a fatalement l’idée qu’il existerait une hiérarchisation des dites valeurs (qu’elle soit intellectuelles, culturelles etc…). Autant le raisonnement se tiens dès lors qu’il concerne des choix de vie personnels, ou lorsqu’il intervient dans la démarche réflexive globale concernant un groupe de population émettant un quelconque souhait de vie en collectivité sur un socle commun (au hasard une société civile au sens sociologique), autant il relève du non-sens absolu lorsqu’il s’agit du transfert de valeurs d’un individu sur un autre, parque cela implique un rapport de force et de domination entre les deux qui se révèlera forcement biaisé et destructeur (déterminisme…). En d’autre terme, c’est le premier pas vers l’intolérance la plus basse.
Mon positionnement, d’une certaine manière est à rapprocher de la scientificité de la méthode.
Spoiler:
« L’instruction scientifique d’une question ne préjuge pas de la réponse. Mais, parce qu’elle l’instruit quant au vrai, elle ose supposer que le choix de la réponse, lejugement de valeur , lequel n’est pas contenu dans le jugement quant au vrai ni ne s’en déduit de manière contraignante – il relève de la liberté de chacun –, sera pour le mieux. La force et la faiblesse de la recherche scientifique, comme de la discipline républicaine, c’est de n’être qu’une exigence épistémique, et une exigence jamais achevée. Elle ne propose pas et ne proposera jamais, sans s’abolir et se contredire, une réponse définitive, un système clos à partir duquel tout prend, comme par enchantement, sa place et sa signification. Elle n’est ni une Église, une École de pensée ou une idéologie, qui transforme prématurément en certitude ce qui a nécessairement le caractère du doute.
Telle est, nous semble-t-il, l’exigence première de toute démarche heuristique, laquelle n’est pas, du point de vue épistémique, une exigence externe mais le réquisit interne de tout esprit, c’est-à-dire une injonction première à laquelle le chercheur ne peut se soustraire sans démissionner en quelque sorte de son humanité.
[…]
Les deux logiques culturelles sont très différentes. Si le Grec appréhende la pensée et le monde en catégories philosophiques et savantes, le Latin les appréhende en catégories institutionnelles et juridiques. On comprendra ainsi pourquoi norma et ses synonymes latins prendront beaucoup d’importance, alors que, en grec, c’est dans le vocabulaire philosophique et scientifique qu’il faudra chercher les mots qui tiendront un rôle semblable. S’il est permis de ramasser cette similitude et cette opposition en une formule, nous dirions que la norme (norma) est au droit ce que le critère (kritḗ́rion) est à la scientificité (ou à la philosophie au sens grec du terme).
Des deux côtés, la fonction est semblable : autoriser un jugement (quant au vrai et, grâce à lui, quant au bien) qui ne soit pas purement arbitraire, subjectif, intéressé, etc., c’est-à-dire qui ne soit pas biaisé, faussé. Comme le critère, la norme est un médiateur. Mais l’un est interne, l’autre externe. Dans l’ordre de la scientificité, le critère est un médiateur interne à la procédure. Dans l’ordre des institutions et du droit, la norme représente une référence externe qui s’impose comme instance décisive. Elle fonctionne comme l’est, dans le discours, un ablatif absolu en latin (ou un génitif absolu en grec). Parce que la norme concerne l’agir humain et non seulement la pensée, sa fonction est d’exprimer un seuil dont le dépassement, en deçà ou au-delà, signifie un changement de nature ou de degré dans la qualification de la chose considérée, qualification qui, en général, représente un jugement de valeur et non un jugement quant au vrai. À la différence du critère (même si celui-ci peut avoir aussi ce trait), la norme est, d’une façon paradoxale, du même ordre que ce qu’elle est censée faire éviter : arbitraire. »
Y’a pas mal de choses qui je pense ont été purement et simplement squizzées dans le débat qui nous intéresse, et ça m’énerve.
Déjà, d’une, le « slut-shaming » ne concerne pas uniquement une catégorie de femme définie mais le rapport entretenu entre « la femme » et « le sexe » au sein d’une société dont les influences idéologiques ont été influencés par une vision patriarcale pendant des siècles.
Alors à quoi bon réduire le débat à des « mini-pouffes » de 12 ans ?
De deux, à partir du moment où on recentre le débat sur une certaine catégorie de personnes (à savoir les ados pour le coup), il faut peut être qu’on s’interroge un minimum sur qui ils sont non ? Et encore plus, quand on traite de certaines pratiques, on va peut-être aussi se demander quel en est la raison au lieu de se contenter d’y apporter notre propre vision spéculative.
Quand on parle de l’adolescence, on parle d’un concept qui jongle entre le déterminisme de groupe et l’affirmation personnelle. De plus, la définition de l’adolescence, au contraire d’autres stades de développement, et largement débattu et en constante mutation.
Spoiler:
« […] comme le montrent plusieurs travaux, l’adolescence moderne se distingue par une nouvelle « autonomie » qui ne permet plus, sur le plan sociologique, de l’assimiler à l’enfance et donc à une sorte de zone infrasociale qui ne serait pas du ressort de la sociologie.
François de Singly, qui a l’intuition des bons sujets – ceux qui émergent dans la conscience collective –, consacre ainsi un gros livre aux « adonaissants » [1] [1] Outre l’ouvrage de François de Singly, Les adonaissants... suite, selon le joli néologisme qu’il invente pour caractériser la population qu’il étudie.
L’ouvrage repose sur une série d’enquêtes qualitatives et quantitatives auprès des adolescents ou préadolescents eux-mêmes âgés de 11 à 13 ans. La thèse centrale est que la précocité croissante de l’accès à une forme d’autonomie des adolescents – dès les années de collège – crée un nouvel espace identitaire que François de Singly définit comme un « moment de non-coïncidence entre le nous familial et le nous générationnel ». Même s’il n’emploie pas lui-même ces termes, on peut dire que Singly définit l’adolescence par une double série de critères, statutaire d’un côté, ide ntitaire de l’a utre. La définition statuta ire le c onduit, a vec be auc oup d’à-propos, à différencier autonomie et indépendance : l’autonomie est liée à la fréquentation des pairs, alors que l’indépendance économique est évidemment inexistante pour des enfants de cet âge. L’adolescence est bien cet âge de l’autonomie sans indépendance (ce qui la différencie de l’enfance combinant absence d’autonomie et absence d’indépendance). On peut bien sûr se demander si une telle définition décrit une situation véritablement nouvelle : l’adolescence n’a-t-elle pas toujours eu ces caractéristiques ? Le fait nouveau sur lequel n’insiste peut-être pas assez le livre est que cette autonomie est à la fois plus précoce et plus large : d’autres travaux ont montré (Metton, 2006) que, dès les années de collège, les adolescents ou même les préadolescents disposent dorénavant d’une grande liberté de déplacement et surtout de ce que Céline Metton appelle une nouvelle « autonomie relationnelle ». Par rapport aux générations précédentes, ils disposent dorénavant d’un quasi-monopole dans le choix et la fréquentation de leurs amis : les parents n’ont plus vraiment leur mot à dire ; ils peuvent certes contrôler les horaires et les moments de sortie, mais n’ont pas beaucoup d’influence sur les types de fréquentations de leurs enfants. Par ailleurs, comme Céline Metton l’a montré dans sa thèse, les nouveaux moyens de communication (portable, Internet) permettent aux adolescents de poursuivre les relations avec leurs amis hors de la coprésence physique et hors de tout contrôle parental.
Ce moment, constitué d’une autonomie sans indépendance (économique), conduit l’adolescent, selon François de Singly, à osciller entre deux identités, celle liée à sa famille et celle liée à son groupe des pairs, c’est le thème central du livre. L’auteur n’interprète cependant pas cette dualité comme un moment de confrontation entre les générations et rejette avec force l’idée de la perte d’autorité des parents qui pourrait être occasionnée par la séparation plus marquée de l’univers générationnel et de l’univers familial. Il conteste l’idée qu’il « n’y ait plus de règles à la maison » et fournit de nombreux exemples montrant que ces règles continuent de s’appliquer, dans le domaine des horaires, des sorties, du travail scolaire, par exemple. Cependant, il n’entre pas vraiment dans l’examen de la question du degré auquel ces règles, énoncées, s’appliquent effectivement. En effet, la dualité adolescente dont parle Singly peut avoir pour conséquence que les règles édictées à la maison ne s’appliquent pas forcément à l’extérieur du domicile familial, là où les adolescents sont, de plus en plus fréquemment, hors du contrôle des parents. Cette dualité de l’univers adolescent peut, au point extrême, construire des jeunes à double face, dans certaines cités par exemple où la socialisation par le groupe des pairs vient concurrencer et, dans une large mesure, supplanter la socialisation familiale. Il peut arriver alors que les jeunes maintiennent simplement les apparences de l’obéissance et du conformisme. Dans une enquête menée à Aulnay-sous-Bois (Centre d’analyse stratégique, 2006), les jeunes font état d’un terme particulier, « se faire engrainer », pour exprimer cette force d’entraînement du groupe des pairs qui abolit toutes les prescriptions familiales. Il est vrai que le corpus sur lequel repose Les adonaissants ne semble pas comprendre beaucoup de jeunes vivant dans ce type d’environnement urbain. Mais, même dans les familles ordinaires, le conformisme de façade des adolescents est une question qui peut se poser. D’ailleurs, comme le montre très bien Céline Metton, grâce aux nouvelles technologies de communication, MSN par exemple, l’univers relationnel des adolescents continue de fonctionner à l’intérieur même du domicile familial, tout en restant étranger aux parents, grâce à l’adoption de modes d’écriture mobilisant des conventions particulières dans un total irrespect des règles orthographiques et émaillés de pictogrammes (les smileys) qui rendent ces échanges quasiment illisibles pour les non-initiés.
Ceci ne signifie pas que la sociabilité adolescente se déploie en opposition à l’univers familial, et François de Singly a certainement raison sur ce point. On est très loin de la culture adolescente décrite par Parsons (1942) dans les années 1940, qui prenait systématiquement le contrepied des valeurs adultes. Cependant, en ne faisant de la nouvelle autonomie adolescente qu’une lecture « identitaire » – l’accès de l’adolescent au statut de « personne » – François de Singly sous-estime peut-être l’ampleur du fossé qui s’est creusé entre les sphères du monde adolescent et celles du monde adulte. Il n’y a peut-être pas de renoncement éducatif mais une difficulté beaucoup plus grande à exercer une forme de contrôle et d’autorité. Non par manque de volonté, mais par manque d’efficacité. »
Quand des gamins se fringuent comme des adultes, effectivement on peut en rester à des perspectives terre-à-terre, que c’est trop tôt, qu’il faut leur laisser le temps de grandir et de s’affirmer… Mais on peut aussi se demander quel sens ils portent à ce geste, pourquoi est-ce qu’ils cherchent à se sortir de leur condition de gamin surprotégés et est-ce que ça ne ferait pas justement parti de cette affirmation personnelle.
Et là je prends position, si effectivement ça nécessite une démarche de réflexion sur les interdits et la permissivité des pratiques, c’est aux parents (ou du moins au titulaires légaux des la fonction éducative) et à PERSONNE d’autre d’amener le sujet aux enfants. Autant que je sache, on vit encore dans un Etat de Droit autant que dans une République laïque. Peut-être que ça ne signifie plus grand-chose pour certain, mais ça veux aussi dire qu’il y a tout un ensemble de « codes » qui viennent légitimer l’action que l’on exerce auprès d’autrui. Le « slut-shaming » est du harcèlement. Je ne vois pas en quoi le fait que cela existe depuis des années viendrait légitimer son accomplissement, et encore moins en quoi la spéculation sur le fantasme de l’abandon des parents autoriserait à un quelconque quidam de venir rabaisser autrui en vertu d’un quelconque principe supérieur en utilisant un procédé stigmatisant, dégradant, et biaisé. Défendre le contraire dénote vraiment de la vacuité du raisonnement opéré (là il y a jugement de valeur, et c’est parfaitement assumé !).
Donc non, ma réflexion n’est pas le fruit de ma putain de bite.
Et mes hypothétiques futures gamins t’emm*****.
Keagan Admin
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Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 16:47
Non mais et sinon a quoi ça sert que je vous dise de pas vous foutre sur la gueule? Oh et puis merde, hein. Et sinon je suis d'accord avec toi RTH, et merci d'avoir pris la peine de l'expliquer correctement. Mais la dernière phrase n'était pas obligatoire.
Invité Invité
Sujet: Re: Slut-Shaming Mer 1 Mai 2013 - 17:10
Mouais, j'ai quand même du mal à accepter d'être recadré par à priori et hiérarchisation des valeurs interpersonnelles.
Au delà du caractère... Volontairement "courant" (on va dire...), c'est surtout un volonté de ma part de mettre en lumière le manque de recul dont a fait preuve Strelok quand il m'a lancé tout ça à la gueule avec la pointe de dédain qui caractérise ce genre de remarque. Elle est pas à prendre de façon personnelle, je le traite pas de con ou d'autre chose, c'est juste le fossé entre la première partie de mon poste et la conclusion qui d'une certaine manière m'a amusée.
Donc dans le cadre de ma réflexion, elle me semble au contraire parfaitement légitime d'une part, et aussi sensée parce que c'est bien à ce genre de réaction qu'il se destine en continuant de déblatérer de tels jugement à l'emporte pièce. Donc cette phrase, je l'assume totalement.
Maintenant, quand au fait qu'elle entre dans le cadre de la charte du forum... Je suis plus modo après tout.
Edit' : autre article intéressant sur le sujet de la culture adolescente "moderne" sous une approche sociologique :