La drum&bass selon Aphrodite est bondissante, bourrée d’énergie, rapide sans être assommante, en un mot jubilatoire. Gavin King, le DJ-programmeur-musicien qui a séquencé sur Amiga tous les morceaux de ce nouveau CD en n’utilisant que des samplers bourrés de sons originaux, mérite vraiment d’être connnu…
Aphrodite n'en est pas à son premier essai discographique : le CD éponyme qui vient de sortir mondialement chez V2 permettra au plus grand nombre de découvrir un adepte de la drum'n'bass pour qui le maître mot est : efficacité ! Derrière ce beau nom d'artiste, à consonance très méditerranéenne, se cache un Anglais, Gavin King. Après avoir obtenu son diplôme de "computer science" à l'université, Gavin, qui adore l'acid, la house, l'electro, se jette dans une carrière de DJ.
Self-made
Nous sommes alors en 1988, le second "Summer Of Love" ; Gavin et un ami, Adam Dyerson, tiennent un club qu'ils appellent Aphrodite, cet hommage à la déesse de l'amour étant bien dans l'humeur de l'époque. Un collègue DJ utilise des sons samplés sur Amiga pour pimenter un peu ses sets : Gavin s'enthousiasme pour ce procédé, et s'achète incontinent son propre Amiga 500. L'évolution logique consiste ensuite à séquencer soi-même... ce que notre ami fait, dans ce style drum'n'bass qu'il apprécie particulièrement. "Ma motivation principale était que les disques que je passais coûtaient cher : je ne gagnais pas assez d'argent pour acheter tout ce qui sortait, alors je me suis mis à faire ma propre musique, avec l'Amiga, ce qui ne me coûtait rien ! Voilà comment tout a commencé : des titres de 4 ou 5 minutes, que je mixais avec des disques connus...". Au fil du temps, les morceaux d'Aphrodite commencent à se retrouver sur divers maxis. Gavin perfectionne ses recettes : le logiciel de sampling qu'il utilise sur l'Amiga travaille en 8 bits, il faut donc soigner les sons dès le départ, connaître certains trucs pour le bouclage... qu'il utilise toujours aujourd'hui ! Autre particularité de sa musique : il ne joue aucun expandeur ou synthé "en direct", tous les sons sont contenus dans les samplers (Akai S3000, S6000...) et aucun expandeur. Gavin est donc aussi un expert en sound design... "Souvent, mes samples se composent de trois ou quatre couches, retravaillées, transposées, avec des graves rajoutés... Je retravaille ainsi les sons de claviers que j'aime bien (Roland SH-101, JP-8000), puis tout se passe dans le séquenceur et les samplers. Je n'ai aucune machine tournante dans mon home studio, le morceau arrive "en direct" sur ma Mackie 24 voies. Comme mes sons sont déjà travaillés à la base, je n'ai pas à les envoyer sur des tranches de console séparées pour les traiter : je peux donc grouper grosse caisse, caisse claire et charley sur une même voie de console. J'utilise assez peu de sons stéréo, je préfère traiter des sons mono d'origine. Bref, tout cela va dans le sens d'une grande efficacité...
De l'Amiga au Macintosh
Étonnant : même s'il s'est acheté récemment un Mac G3, Gavin nous confiait que tout l'album a été séquencé sur Amiga ! "Ça fait dix ans que je travaille sur cette machine : une sacrée transition à négocier, je compte au moins six mois d'adaptation avant de me retrouver aussi à l'aise sur le Mac... J'ai acheté Logic Audio, mais pour tout avouer, je m'en suis à peine servi ! En fait, je ne suis pas assez à la maison en ce moment pour m'y immerger suffisamment pour apprendre... Je voyage beaucoup, j'ai toujours mon Sony portable avec moi, sur lequel je fait tourner un vieux petit logiciel de séquence MIDI, Meg 4 (qui doit remonter à1990, ou quelque chose comme ça). Il est très "brut", rudimentaire, si on veut éditer des données il faut lui "parler en MIDI", mais je construis dessus, en deux minutes, des rythmes compliqués qui me prendraient une heure sur le Logic. Comme j'ai des samples sur le disque dur du Sony, je fais de la musique pendant que je voyage ! Seul problème : je ne suis jamais arrivé à échanger correctement les fichiers MIDI avec l'Amiga... Alors, rentré à la maison, je recommence ce que j'ai fait !". Gavin est également un amateur assidu d'Internet. Pour y puiser des sons, bien sûr : "On y trouve en ligne d'énormes banques de sons : il m'arrive de télécharger un son tout à fait ordinaire et, en le trafiquant, d'en faire un son extraordinaire. J'y ai aussi trouvé un sample Real Audio de Neil Armstrong décrivant un OVNI : "J'aurais pris une phrase d'Armstrong dans un CD officiel, j'aurais dû payer des droits : mais là, la NASA ne veut même pas reconnaître que ce document existe ! Résultat : j'ai fait ce que je voulais, je lui réponds moi-même dans le morceau, en trafiquant ma voix genre lo-lo-fi pour être "raccord"".
Internet Man
C'est grâce à Internet que les USA connaissent aussi bien Aphrodite : "Là-bas, il m'est arrivé, après avoir donné un concert, de lire les réactions, bonnes ou mauvaises, sur des forums de discussion à peine une heure après le concert ! Il n'y a pas de télé ou de radio spécialisée dans la drum'n'bass ou autres, c'est Internet qui en fait office !". Aphrodite possède aussi un splendide site Wab, impeccablement animé et sonorisé, programmé... par Gavin lui-même ! "La dimension "programmation" me manquait depuis la fac, j'étais un peu frustré de ne faire qu'utiliser les ordinateurs, aujourd'hui je suis comblé en programmant mon site en Macromedia Flash ! On peut y jouer avec des boucles, des sons... je pourrais aller plus loin et permettre des remixes complets (un peu comme sur le site d'IAM, NDR), mais ça représente des heures de programmation, et je n'ai pas le temps !" C'est un fait, Gavin est très occupé : il doit s'occuper de ses deux labels, Aphrodite Records &endash; fondé en 1994 &endash; pour ses activités solo (plusieurs singles et un album), et Urban Takeover &endash; créé en 1996&endash; pour ce que fait son ami Micky Finn (avec qui il a écrit Some Justice, un des titres fondateurs de la drum'n'bass) et les artistes signés par les deux hommes. Aphrodite fait aussi des remixes : No Diggety pour Blackstreet, 1nce Again pour A Tribe Called Quest. Et n'oublions pas les concerts ! Sur scène, Aphrodite "DJ-ise" ses propres enregistrements. De là à recréer live ses morceaux, il y a une marge... "J'ai vu des gens sur scène refaire en direct leurs morceaux, c'est très impressionnant, mais j'en serais incapable aujourd'hui : je n'ai pas encore trouvé la méthode, le logiciel qui me permettrait de le faire assez rapidement. Quand je connaîtra mieux Logic Audio, sans doute...".
Tout sur Aphrodite et Urban Takeover à l'URL : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Invité Invité
Sujet: Re: Aphrodite Lun 5 Juil 2010 - 16:29
ça me rapelle a une autre époque JE KEAF !
Aphrodite
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