Après Docteur Folamour, 2001 et Orange mécanique, Stanley Kubrick se lance en 1973 dans l'adaptation d'un roman de William Makepeace Thackeray qui s'appelle Les mémoires de Barry Lindon et qui date de 1844.
Le tournage commença au printemps 1973 et se termina au début de l'année 1974 après près de 300 jours.
Le film coûta 11 millions de dollars et en rapporta presque le double. Il reçut de nombreux prix dont 4 oscars techniques (photo, costumes, musique et direction artistique) mais par rapport à ses autres films, celui-ci est peut être le plus sous-estimé.
Le film nous raconte l'histoire tumultueuse de Redmond Barry (joué par Ryan O'Neal), jeune irlandais sans le sou dans l'Europe du XVIII ème siècle en guerre (celle de 7 ans). Ses aventures commencent le jour où il bat en duel un officier anglais. Obligé de fuir son pays, il s'engage dans l'armée anglaise, déserte puis se retrouve dans l'armée prussienne (et non allemande comme c'est dit un moment dans le film). La guerre finie, il devient espion et complice d'escroc aux cartes (joué par Patrick Magee). Juste avant l'entracte, il arrive au bout de son ascension, qui est d'épouser une riche et jolie veuve. La deuxième partie du film marque son inexorable chute avec des scènes marquantes, notamment celle du deuxième duel qui est absolument grotesque. L'humour est très présent et toujours grinçant. Il y a cette scène où Redmond fait un duel oral avec l'époux (pas encore mort) de sa future femme. Et puis il y a aussi ce narrateur (en vf c'est Jean Claude Brialy). Comme dans les films de Terrence Malick, un narrateur qui sait tout évite d'avoir beaucoup de dialogues.
Kubrick, vous le savez bien était un perfectionniste. Il a filmé comme nul autre avant lui le XVIII ème siècle. Il s'est largement inspiré des peintres de l'époque, Hogarth pour les intérieurs aristos, Gainsborough pour son utilisation du paysage. Il a tourné les scènes extérieures à un moment précis de la journée, "l'heure magique", où la lumière atteint une perfection brumeuse. Le tournage a commencé d'abord en Irlande mais à cause de menaces de l'IRA qui voyait d'un mauvais oeil des soldats anglais sur leur territoire, celui-ci s'est déplacé en Angleterre. A un moment on peut voir le magnifique domaine de Stourhead. Y a aussi ce côté hameau de la reine avec ces moutons qui tirent la voiture de Brian puis son cercueil.
Pour les scènes intérieures, Kubrick a innové en demandant à la Nasa de mettre au point des objectifs spéciaux pouvant captés le peu de lumière qu'il y avait car ceux-ci étaient éclairés à la bougie. Le cinéaste s'attache donc à la véracité historique.
Au lieu de faire Barry Lindon, il aurait dû réaliser un film sur Napoléon. Il a donc reporté sur Barry Lindon certaines scènes (notamment les scènes de bataille) ou certains thèmes (les intrigues politiques, duels et autres déceptions amoureuses).
Kubrick est un passionné de musique classique. Pour ce film, il a utilisé la sarabande d'Haendel, le trio de Schubert, du Mozart, du Bach, du Vivaldi mais aussi du traditionnel irlandais (joué par The Chieftains).
Ce film dure près de 3 heures mais je n'ai bizarrement pas vu le temps passé.
Stourhead
Hogarth
Gainsborough
Un intérieur éclairé à la bougie