Jusqu'où ira l'élevage industriel?
Il y a quelques temps je lisais mon "Blablablah..." mensuel [janvier 2012] (c'est un magasine anglais languedocien gratuit), et j'ai lu un article qui m'a littéralement fait froid dans le dos.
La vache hublot. Ou fistulée, si on préfère. Les mots diffèrent mais l'impression donnée est la même.
Qu'est-ce qu'une vache hublot?
Le nom prête à sourire, il interpelle. Il s'agit d'une pratique qui consiste à fixer,sous anesthésie générale, un hublot d'accès à la panse du ruminant.
Un hublot, non ça n'étais pas une métaphore douteuse.
Ce hublot permet d' accéder directement au "rumen" (la panse, donc), afin de contrôler le rapport énergie-protéines, la digestibilité des aliments, notamment pour combattre l'acidose lente qui a des incidences défavorables sur la valorisation de la ration - pour que la vache fasse un meilleur lait, donc.
Mouais, la pratique était déjà très peu divulguée, mais encore, ce n'est pas là tout ce qu'il y a à dire au sujet de cette pratique ignoble. S'il ne s'agissait que d'une pratique médicale...
Vous devez bien vous douter qu'il existe un profit derrière l'argument médical, en effet qui dit accès direct au système digestif de l'animal (qui rappelons le est destinée a produire du lait que nous consommerons) dit facilité d'accès pour des produits destinés à doper la bête.
La volonté moins avouable des éleveurs est de profiter de cet accès direct à la panse pour y injecter toutes sortes d'hormones et de substances médicamenteuses, pour forcer la production et limiter les maladies pathogènes inhérentes à un élevage intensif.
Une pratique immorale pour un meilleur rendement.
Les éleveurs sont prévenus qu'une vache sur 1000 meurt des suites de cette opération mais ils prennent quand même le risque: le cout est négligeable face au bénéfice financier.
Je sais vous allez me dire, "mais en France, nous on a de bons éleveurs, ça c'est les amerloques!" et patati et patata...
Ben non, c'est déjà choquant dans n'importe qu'elle partie du monde... mais c'est aussi le cas en France.
La pratique était certes déjà largement répendue aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et en Nouvelle-Zelande. En France, cette pratique est conduite par l'INRA (l'institut national de la recherche agronomique) elle-même et exploitée sur le site de Theix, près de Clermont-Ferrand.
Et ça fait longtemps! Depuis les années 50, précisémment. Comment ne l'avons nous pas su?!
L'INRA travaille pour l'industrie agroalimentaire d'une façon peu morale depuis bien longtemps, réfléchissant a la meilleure façon d'augmenter les rendements, en transformant les animaux et les végétaux. Cela, on le sait depuis longtemps. On connait leurs pratiques, abandonnées depuis quelques temps: les OGM, les farines animales (ou PAT, protéine animale transformée), bêtes aux squelettes insuffisant pour les porter donc élevés sous sangles, et j'en passe.
C'est sur ce sujet que l'historien américain Charles Patterson se penche dans son ouvrage intitulé
Eternel Treblinka [Achetable ici:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ]; il y aborde le thèmes des rapports "douloureux" entre hommes et animaux depuis la création du monde. Il y dit notamment: "Pour les animaux, tous les hommes sont des nazis".
La phrase choque, révoltera même certains consommateurs, mais ne nous y méprenons pas: c'est le cas trop souvent dans l'élevage industriel de par le monde. Même s'il reste beaucoup d'éleveurs respectueux de normes visant à produire des viandes de qualités, moins soucieux du rendement que de la qualité, des pratiques comme celles-ci témoignent de ce qu'avance Patterson.
L'article que j'ai lu précise bien que leur but n'est pas de pousser à stopper totalement la consommation de produits animaux, mais seulement d'inciter à la vigilance quant à ce que nous achetons.
Il est important néanmoins de rappeler quelques chiffres concernant l’élevage industriel (je dis bien: industriel):
* 20 milliards d'animaux d'élevage sont élevés industriellement sur notre planète.
* 50% de la consommation mondiale de céréales, dont 90% de la récolte de soja leurs sont destinés. Ainsi pour produire 1kg de bœuf, 9 kg de céréales sont nécessaires.
* 60% du fourrage (blé, soja, cacahuètes) utilisées par l'élevage industriel est importé du Tiers Monde au détriment des populations locales.
* 50% de la consommation d'eau potable totale est destinée à l'élevage industriel: pour produire 1kg de viande on utilise 100 fois plus d'eau que pour produire 1 kg de blé ou de légumes.
* Plus de 30% des matières premières mondiales - aliments à base végétale, carburants fossiles, bois, minéraux - est utilisée au service de l'élevage industriel.
* Toutes les 2 secondes une surface de forêt vierge équivalente à un terrain de foot est détruite dans la plupart des cas pour obtenir de nouveaux pâturages.
* Un kilo de bœuf nécessite 32.000 litres d'eau, un kilo de viande de porc: 9.700 litres d'eau, un kilo de blé: 106 litres d'eau.
source:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien][des chiffres qui rappellent le vieil adage: "Le bétail des riches mange le pain des pauvres"].
Je rappelle que tout ceci n'a en aucun cas pour but de blâmer les consommateurs de viande, de les inciter à changer de régime alimentaire. Tout ceci n'a pour seul but que d'informer, et à inciter à la consommation intelligente: privilégier les "vrais" éleveurs locaux.
Nous ne pouvons plus nous permettre de consommer le produits des élevages intensifs, leur impact est bien plus profond que la "simple" cruauté animale. La vache hublot n'est qu'un exemple de plus. Un exemple de trop selon moi.