Angora.

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Joyce : J'apprécie de Rousseau son style d'écriture & ses pensées philosophiques libres, libérées de tout carcan moral & social. Il exprime selon moi ce que doit être la liberté de chacun de nous, la liberté vis à vis de la société en elle-même, mais aussi face à la morale & à l'effet d'envie & d'imitation (déjà au XVIIIème siècle !). Je me retrouve beaucoup dans sa conception des choses, & j'espère que tu as eu le plaisir de lire certaines de ses oeuvres. Celle qui m'a le plus marquée reste cependant "Les Confessions". Il brise là encore le prototype du philosophe qui ne doit discourir uniquement sur la généralité & ses conceptions sans jamais se dévoiler. J'y vois également, dans ces Confessions, un précurseur au Marquis de Sade, lorsqu'il aborde en quelques lignes son goût prononcé pour le fait d'attacher & de châtier les femmes. Aucun penseur ni auteur n'avait jamais écrit cela avant lui, & surtout pas un philosophe. Pour moi, il était avant-gardiste & définitivement affranchi de toute contrainte morale.
Les "Essais" de Montaigne, oui, bien sûr. Cela a été mon premier contact avec le penseur. J'ai été très marquée par cela également, même si pour moi, Rousseau reste le maître du genre.
Concernant Baudelaire, j'en ai lu tous les ouvrages sans exception (& les biographies qui en ont été écrites par la suite), & j'ai surtout été marquée par "Les Fleurs du Mal". Ce n'est pas très original, mais pour moi c'est fondamentalement là qu'il se révèle dans ses contradictions, dans cette souffrance hurlante qui fut sans cesse présente tout au long de sa vie, & finalement dans son génie. Je pense que "Les Fleurs du Mal" regroupent à peu près tout ce que nous pouvons ressentir dans une vie, les sentiments que peuvent faire naître certaines réflexions ou certaines blessures secrètes.
J'imagine que tu connais ces trois auteurs, si tu as choisi de m'en parler ? Je te conseille également Rimbaud, qui est selon moi un excellent poète ("Le Bateau Ivre" est une pure merveille).

J'adore Rousseau, c'est mon penseur du XVIIIeme préféré. Effectivement c'est quelqu'un d'avant-gardiste : précurseur du romantisme, pratiquement pro-révolution, c'est incroyable à l'époque. J'aime beaucoup également son aspect touche à tout : botanique, musique, lettres, art...
Par contre tu te trompes lorsque tu avances que personne avant lui n'avait écrit de telles choses sur le fait d'attacher les femmes etc. C'est faux, en effet à l'époque une littérature très libertine voire pornographique était déjà très implantée dans les lettres françaises. Par exemple il y a Thérèse Philosophe de Boyer d'Argens qui mêle des scènes de baisade crues et totalement immorales avec des raisonnements philosophiques. Quant à le considérer pour ça comme un précurseur de Sade... C'est un peu déplacé. Si Rousseau a influencé Sade ça serait plutôt dans sa pensée libertaire mais pas pour ses délires sado-maso strange, y'avait largement de quoi s'inspirer ailleurs. C'est un courant beaucoup plus global.
De même à mon sens tu ne peux pas dire que dans Les Confessions il brise le cliché du philosophe retiré du monde et des hommes et qui ne s'occupe que de réfléchir sur des généralités comme si c'était une position unique et exceptionnelle. Il faut savoir qu'au XVIIIeme le mot "philosophe" revêt un sens nouveau qui va dans le sens de ce type de démarches. D'autres philosophes font de même comme Diderot et D'Alembert avec leur Encyclopédie qui rend compte de nombreuses prises de position, ou comme Voltaire qui prend part à des conflits de son temps comme l'Affaire Calas (et là on peut parler de précurseur de la figure d'intellectuel ensuite pleinement née avec Zola et l'affaire Dreyfus). C'est là qu'au contraire Rousseau se démarque : avec ses méditations etc et sa misanthropie latente il retourne se réfugier dans sa tour d'ivoire comme ces philosophes ermites.
Les Essais de Montaigne, c'est une œuvre dans laquelle j'aime bien "piocher", parfois je sors le bouquin et je lis quelques pages à droite à gauche.
Concernant Baudelaire : en voilà un esprit influencé par Rousseau ^^ y'a qu'à voir les titres successifs donnés au Spleen de Paris (ou Petits Poèmes en Prose). Baudelaire j'aime beaucoup mais il ne fait pas partie de mes auteurs "phares" contrairement à Rimbaud dont je connais une dizaine de textes de mémoire. Une saison en enfer est pour moi une pièce magistrale, j'y reviens très souvent. Rimbaud est une figure qui me fascine.

Ouuuuh, j'ai fait un pavé ^^