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Chapitre 1 : Découverte
Être soldat ? Vous me demandez pourquoi je suis un soldat ? Et bien tout simplement parce que je voulais avoir des sensations, voir la vraie valeur de ma vie. Mais ce n'est pas si simple ; au bout d'un certain temps on s'attache aux autres soldats et ça... C'est le gros problème. Là vous ne vous battez plus pour les sensations, vous vous battez pour vos amis, pour leurs vies. Je n'ai pas de plaisir à tuer des gens, à les « supprimer ». Tous être vivant se bat, fait des sortes de « guerres » : les anticorps, les fourmis, les loups, les lions, les éléphants... Pour défendre leurs territoires, leurs clans. C'est un peu pareil pour l'homme...
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Le bruit des palmes de l'hélico empêchait toutes discutions avec mes coéquipiers, je regardais en dehors de l'appareil, je pensais à ce qui allait se passer, pourquoi nos supérieurs nous avaient envoyés d'urgence ici. Je ne devais pas me poser ce genre de questions, je faisais partie des forces spéciales américaine et ma mission était d'inspecter une usine au nord de l'Ukraine près de Chernihiv. Une voix dans mon oreillette me tira de ma rêverie.
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« Delta et Whiskey préparez vous à descendre ! Yankee et Zulu vous rejoindrons en bas !» Jiao prit la corde et la jeta en dehors de l'hélico, il tourna sa tête dans ma direction et pendant quelques secondes nous pensâmes à la même chose ; Qu’est-ce qu’on foutait là ? Comme à chaque fois je fis un signe de la tête. Il descendit le premier, suivis de Vladislav, de Nelson, d'Otto, et d'Arkady. Je regardais le pilote et lui dit :
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« Tu ne nous oublies pas ! »
__ « Je n'oublie personne Aaron ! Jamais... », répondit-il.
Je pris la corde, glissa le long et pour la première fois, la descente me parut interminable. Je sentis enfin le sol gelé d'Ukraine. Je regardais autour de moi, la lune éclairait à peine la forêt de sapins, je mis mes lunettes infrarouges. Nous étions à 300 mètres de l'usine. Je m'avançais vers mes hommes et je commençai à donner les ordres :
__ « On avance par intervalles réguliers, je passe en tête, Jiao tu me suis, après Arkady, puis
Vlad et en fin de groupe Nelson et Otto, qui nous couvrirons. Je ne sais pas ce qui se passe là-bas, mais c'est le bordel, alors vous fai... »
Une lumière éclaira la forêt, elle provenait de l'usine. Sa puissance dégagea un souffle de particules, qui me fit tomber à terre. Peu après, un halo d'un blanc pur apparaissait dans le ciel.
__ « C'est quoi ce machin ?! », criais-je.
Je me relevais, pris mon fusil en main, puis partis, à la tête du groupe, en direction de l'usine. Nous avançâmes lentement, l'atmosphère était inquiétante. Le halo scintillait toujours dans le ciel et les particules volaient, comme de la poussière. Plus nous nous en approchâmes, plus la chaleur était présente. Quand nous fûmes aux portes de l'usine, je me mis à parler dans mon talkie-walkie.
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« Yankee, Zulu vous me recevez, ici Delta et Whiskey » Aucune réponse...
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« Yankee, Zulu répondez ! Ici le Sergent Aaron ! » Toujours aucune réponse.
__ « Qu'est-ce qui se passe Aaron ? », me demanda Jiao.
__ « Y'a un problème, Yankee et Zulu ne répondent pas, va falloir voir ce machin. A mon
avis, on est dans un sacré foutoir ! »
Nous fîmes quelques pas avant d'apercevoir un corps, ou ce qui en restait. C'était un ouvrier Ukrainien de l'usine. Il était à demi dévoré.
Les bâtiments de l'usine étaient calcinés, comme si une bombe venait d'éclater ici, mais rien ne brûlait. Il n'y avait pas de flammes, je mis ça sur le compte des produits chimiques. Nous continuâmes toujours en direction du bâtiment principal.
__ « Sergent regardez contre le mur ! », s'exclama Arkady.
Je vis une série de six hommes allongés côte à côte, tous fusillés...c'était les groupes Yankee et Zulu.
__ « Putain, les Ukrainiens... Attendez, ce ne sont pas des balles qui on fait ça ! Jamais les balles n’ont broyées des hommes ! », remarqua Jiao
__ « Alors nous ne sommes pas seuls...Il faut absolument voir cet halo ! », répondis-je.
Nous marchâmes en direction du halo, il était impressionnant, nous étions tous captivés par sa lumière. Blanche, pure et puissante. Elle était douce à nos yeux, chacun y voyaient une chose qui lui manquait ou qui le gênait. Un élément disparu, un défunt. Elle les faisait réapparaître ou disparaitre. Personnes ne vit la chose, elle passa à toute vitesse devant moi et embarqua Nelson. Son hurlement nous tira de nos transes. Je me tournai vers elle et hurla :
__ « Putain c'est un piège ! »
Nous fîmes feu sur ce monstre, je vidais mes chargeurs, sans effet. Nelson était mort, je vis son crâne exploser, dans ce qui devait être la bouche du monstre. Si nous ne faisions rien, nous allions mourir. Jiao sortit son lance roquette et hurla :
__ « A couvert ! »
Un fil dorée perça le ciel, son sifflement suraigu résonna dans mes oreilles, la petite boule de lumière termina son voyage dans ce monstre noir. Un hurlement difforme cassa le sifflement de la roquette. Le monstre explosa, répandant tout autour, des morceaux de son corps. Je regardai Jiao, et lui dis :
__ « Jamais en m'engageant dans l'armée, je n'ai pensé me battre contre ça ! »
Un vacarme monstrueux résonnait dans la forêt, comme celui d'un prédateur.
Je pris mon talkie-walkie, et prévint les hélicos.
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« Ici le Sergent Aaron, nous demandons un retrait immédiat, pour Delta et Whiskey » __
« Ici blackhawk 2, on arrive Sergent. Retournez là où je vous ai déposé et à 50 mètres au nord il y a une clairière, c'est ici qu'on évacue. Mais grouillez-vous si dans 10 minutes si vous n'y êtes pas, nous partons ! L'état major est averti de la situation », répondit-il.
__ « Allez, on se bouge le cul, Jiao et Arkady vous nous couvrez aux At-4, Vladislav et Otto vous prenez les M249, je pars en premier et vous me couvrez. Je vous promets que personne d'autre va y rester », déclarais-je.
Je pris mon fusil d'assaut en main et me mis à courir. Tout le monde m'imitait, je tirai dans
le vide, devant moi. Cela devait me rassurer. Nous retournâmes sur nos pas, courageusement ou inconsciemment.
Je vis un monstre passé à côté de moi, pendant une seconde j'aperçus son œil, pendant une seconde j'eus le souffle coupé et pendant une seconde je me posai cette question : D'où venait cette chose ? La roquette de Jiao me fit sursauter, elle frôla mon visage et parti se loger dans la bête. Je tournai la tête en direction de mon ami. Il me fit un signe de tête, je le lui rendis un peu confus. Nous continuons notre retour quand ma radio crachota :
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« Ici Blackhawk 2, je suis sur la position. Vous en êtes où vous ? »
__ « Nous sommes à la clairière, on en a plus pour longtemps ! Préparez-vous à descendre », répondis-je.
Je repris la tête du groupe, en direction cette fois-ci de la zone d'extraction. Je commençais à entendre le bruit des palmes, mais aussi un hurlement, pas si lointain. Je me tournai vers Jiao ; il me fit signe pour dire, en quelque sorte, qu'il était prêt. Nous continuâmes notre route, tous aux aguets. Nous arrivâmes enfin sur la zone, l'hélicoptère entamait sa descente.
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« Ici Sergent Aaron, nous sommes prêt pour l’extraction ».
Quand l’appareil se posa, un hurlement se fit entendre. Le monstre devait être à la clairière.
__ « Allez on monte, Jiao et Arkady vous montez en derniers je veux des lance-roquettes à l’arrière de l’hélico. Le reste vous les couvrez avec les mitrailleuses, je prends le mini gun. », ordonnais-je.
Nous montâmes précipitamment dans l’hélico, qui commençait à s’élever. Elle apparut ! La chose était devant, irritée de voir ses proies s‘échapper. Elle était cinq fois plus grosse que les autres. L’hélio procédait à son ascension lentement, il devait être à quinze mètres du sol quand elle commença à agresser. Jiao et Arkady firent feux, deux roquettes à cible. Elle s’arrêta quelques secondes, ce qui permit à l’appareil de monter jusqu’à trente mètres. Elle se releva puis, se mit à sauter, d’un bond parfait, dans notre direction.
__ « quatre-vingt-dix degrés à gauche ! », hurlai-je au pilote.
Ce changement de cap me permis de lui tirer dessus et son bond fut stoppé. Elle tomba dans un immense fracarme. Elle ne bougeait plus, je la regardais avec respect. Peut-être qu’aujourd’hui la victoire était menée par l’homme, mais il ne tiendra pas éternellement cette position.
Quand l’hélicoptère fut assez loin du sol, je me tournai vers mon ami et lui fit un sourire pour lui dire que non, ce n’était pas pour aujourd’hui. Il me le rendit comme à chaque fin de mission. Je pivotai ma tête vers l’extérieur, vers l’halo. Il avait doublé de taille et je ne doutais pas qu’il n’était pas unique. Plusieurs hurlements perçaient le ciel, un de ses hurlements était différent des autres…Elle.