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| La femme médiévale : historicité, littérature et religion | |
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Azède
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| Sujet: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Mar 9 Oct 2012 - 13:28 | |
| Salut tout le monde! Suite au débat instructif que j'avais eu avec Keagan dans la section théologique sur la femme et la Bible, j'ai décidé de me lancer dans une recherche sur la perception historique, littéraire et religieuse de la femme au Moyen-Âge. Au départ, ça devait être un simple post argumenté dans la suite du débat mais finalement - le sujet m'ayant littéralement happée - la perspective s'est élargie. Jeanne D'Arc Guenièvre et Lancelot (Mes observations se limitent à la France et parfois j'aurais des remarques ponctuelles concernant l'Angleterre). Pourquoi au Moyen-Âge? Tout simplement parce que c'est la période qui suit la chute de l'empire Romain. La société est donc très chrétienne et régie par la Bible. De plus, c'est une période généralement considérée comme obscure dans l'imaginaire collectif et qui prône l'image fantasmée et viriliste du preux chevalier. A partir de ces conceptions générales (et bien sûr pas forcément vraies nous le verrons) sur le Moyen-Âge, cette période apparaît comme profondément impropre à l'émancipation de la femme si l'on considère d'emblée que la Bible a contribué fortement à assujettir la femme. Pour s'en remettre encore à l'imaginaire collectif, la femme médiévale est représentée dans les mentalités par cette image d'Epinal de la belle princesse enfermée dans un château et attendant son mari (qui une fois mariée fera beaucoup d'enfants). On a ici la sujétion de la femme au mari, la diabolisation de la sexualité (rendue impossible hors mariage par l'enfermement dans un château) et l'obligation de fertilité à l'intérieur du mariage. Autrement dit les grands axes de la domination de la femme par l'homme. Le Moyen-Âge apparait donc particulièrement noir pour la femme si l'on considère aussi la topique de la chasse aux sorcières qui est associée (dans les mentalités également) au Moyen-Âge. A partir de ces considérations, je me suis employée à essayer de démêler le vrai du faux par une approche : - Historique et religieuse (en m'appuyant sur des faits historiques et des personnages non-fictifs/en m'attachant à percevoir les représentations religieuses de la femme non pas dans le texte biblique (ça a été déjà très bien fait des millions de fois) mais dans l'imaginaire de l'époque et dans les textes de fiction). - Littéraire (parce que les textes fictifs sont autant de témoignages d'un état d'esprit d'époque et puis que c'est mon domaine d'étude alors prout prout camembert). Le point de départ de mon étude a été le personnage de Guibourc dans la chanson de geste des Aliscans (XIIème siècle). Cette chanson de geste met en scène le chevalier chrétien Guillaume d'Orange repoussant les attaques sarrasines au sein du territoire français. Sa femme, Guibourc, est une ancienne princesse sarrasine convertie au christianisme. Guillaume d'Orange entend parler d'une princesse sarrasine très belle retenue captive dans la ville d'Orange, il en tombe instantanément amoureux (sans jamais l'avoir vue, oui, oui). Guibourc est mariée au sarrasin Thibaut et son père Déramé est le chef sarrasin le plus redoutable de tous contre qui Guillaume aura à se battre. Guillaume prend donc la ville d'Orange et se marie avec Guibourc (qui elle aussi est tombée amoureuse de lui et décide donc de se convertir au christianisme). Voilà pour la situation rapide du personnage. Maintenant il vous que vous considériez que dans la société médiévale, il y a une tripartition très prégnante : 1) les oratores (fonctions royales et sacerdotales) ; 2) les bellatores (fonction guerrière) ; 3) laboratores (fonction de production et de reproduction. Notre chanson de geste des Aliscans met en scène 3 femmes principales : Guibourc, Blanchefleur (reine et soeur de Guillaume d'Orange) et Hermengart (mère de Guillaume d'Orange). Ces femmes entrent toutes les trois dans une fonction précise de la société. Sachant que Guibourc est le personnage féminin de loin le plus important, il serait logique de l'attribuer à la première fonction, celle des oratores (fonction royale et sacerdotale). De plus une femme peut-elle entrer dans la catégorie des bellatores (les guerriers)? Il y a ici quelque chose qui heurte nos conceptions de la femme au Moyen-Âge. Et de fait, Guibourc entre en réalité dans la catégorie des bellatores (les guerriers) elle combat à plusieurs reprises pour défendre seule le château lorsque Guillaume est sur le champ de bataille et dans la chanson de geste de La Bataille de Loquifer (suite des Aliscans) elle est carrément mise en scène en train de prendre part au duel qui oppose Déramé (son père) à Guillaume : en effet, elle bat littéralement son propre père avec une branche d'arbre. Même si cette dernière image a une portée comique, il faut bien noter que dans la chanson de geste, le fait qu'une femme soit guerrière n'est strictement jamais un point qui traditionnellement fait naître le comique ou l'ironie. La femme est prise au sérieux dans son rôle de guerrière notamment Guibourc qui apparaît comme une sainte. De même Guillaume d'Orange (LE chevalier du Moyen-Âge par excellence dans la tradition française et qui supplante même Roland dans l'imaginaire de la société de l'époque) est systématiquement poussé et encouragé à combattre par sa femme qui n'hésite pas à le rudoyer si elle sent qu'il n'est pas assez performant au combat. D'un point de vue plus religieux, le personnage de Guibourc dérange : 1) non seulement parce qu'elle est d'origine sarrasine (le sarrasin représente l'ennemi et l'hérétique par excellence) 2) mais aussi parce qu'elle est déjà mariée avec Thibaut (et qu'à l'époque un homme qui se marie avec une femme déjà mariée, donc plus vierge se corrompt très gravement au regard de l'éthique chevaleresque et de toute la société). Toute un tradition littéraire tend donc à "laver" Guibourc de ses péchés. D'abord elle est fidèle et tendre envers son mari (ce qui est plus généralement un caractère des héroïnes de roman et non de chanson de geste). Ensuite, bien après la rédaction des Aliscans, des textes comme la Chevalerie Vivien ou encore les Enfances Guillaume voient le jour. S'ils sont rédigés beaucoup plus tard que les Aliscans, ils racontent des faits qui se sont passés avant. Dans ces textes on remarque une forte tension vers la légitimation de Guibourc en tant que sainte. En effet, Guibourc est peinte comme amoureuse de Guillaume bien avant qu'il ne vienne la délivrer (elle serait tombée amoureuse de lui en entendant des récits chevaleresques le mentionnant) et donc, elle se serait préservée de son mari Thibaut auquel elle aurait fait croire grâce à des stratagèmes qu'il remplissait son devoir d'époux alors que ce n'était pas le cas. Si Guibourc est vierge lorsqu'elle rencontre Guillaume le mariage est totalement nul et n'a aucune validité au regard de l'Eglise. Le problème du mariage ne se pose donc plus. De même, si Guibourc était amoureuse de Guillaume avant qu'il ne la délivre, cela laisse supposer qu'elle avait renié de son plein gré la religion musulmane sans aucune pression extérieure, ce qui enlève le problème de son origine hérétique. On construit donc le personnage de Guibourc en antithèse totale d'un personnage comme Yseut qui fréquente le lit de deux hommes (celui du roi Marc'h et celui de Tristant) et qui donc est totalement dévoyée dans une éthique d'abord chevaleresque et ensuite chrétienne (en conséquence seulement de l'éthique chevaleresque). Le personnage de Guibourc est donc construit dans une optique de sainteté féminine et dans une optique de portrait en creux des personnages négatifs (comme la figure d'Yseut). Mais - comme on l'a dit - Guibourc est avant toute chose une guerrière, c'est là son caractère principal. Dans un tel cadre, correspond-elle vraiment à l'archétype de la sainte chrétienne. La femme peut-elle être parfaite tout débordant largement sur des qualités viriles et masculines? De plus cela tranche totalement avec notre conception de la femme médiévale (retirée dans son château, totalement passive et vouée uniquement à un objectif double et contradictoire : la pureté sexuelle et la reproduction). De fait cette image est totalement faussée et ne s'ancre nullement dans la réalité du Moyen-Âge. Il faut savoir qu'elle n'apparaît qu'à la Renaissance (XVIème siècle) et ce sont les hommes de cette époque postérieure (et considérée comme éclairée par rapport au Moyen-Âge) qui calquent sur l'époque antérieure leurs propres conceptions de la femme. Qu'était donc la femme au Moyen-Âge? Afin de détruire tous les préjugés, je vais m'attarder sur certaines figures historiques : En 1217, Nicolas Delahaie est une noble anglaise (oui c'est une femme) et durant sa vie, elle a de nombreuses fois défendu son château avec ses femmes de compagnie contre l'envahisseur français. Elle est donc éminemment guerrière. Il faut noter que c'était l'épouse de Guillaume le Maréchal (LE chevalier par excellence en Angleterre qui faisait figure d'équivalent historique aux chevaliers de la table ronde arthurienne). Si l'on considère le personnage il s'élève au rang de mythe guerrier : il a fait d'innombrables tournois qu'il a tous dominé c'est un personnage extrêmement craint par l'ennemi et adulé dans ses terres. Face à un tel mari on pourrait s'attendre à une femme passive et soumise. Erreur : Nicolas Delahaie n'hésitait pas à contrevenir aux volontés de son mari jusqu'à prendre les armes contre lui! En effet Guillaume le Maréchal avait le projet de céder le château de sa femme en cadeau mais cette idée n'étant pas du goût de celle-ci elle s'est barricadé dans le-dit château avec ses femmes de compagnie et l'a défendu contre son mari jusqu'à la fin de sa vie! Au Moyen-Âge on attendait donc pas d'une femme qu'elle soit fragile et soumise, bien au contraire! Pour s'étendre sur le statut de la femme, il fluctue beaucoup au Moyen-Âge (période qui dure 1000 ans, ce qui réduit à néant toutes les tentatives d'uniformiser cette époque à un temps unique et obscur). Sous la domination normande en Angleterre, la femme n'a aucun droit, comme en Grèce antique elle est sous la domination de son père, de ses frères et de son mari. Cependant en France, à la même période et jusqu'au XIIème siècle la femme a autant de droits que l'homme. Cependant à partir du XIIème siècle on retourne dans une période défavorable à la femme en France, en effet, un père peut marchander les faveurs de sa fille ou la présenter en mariage forcé pour obtenir des privilèges politiques. Cependant les femmes à cette époque s'insurgeait contre ces pratiques de façon souvent violente. On retient généralement l'exemple de Christina de Manquiete qui contrainte de se marier avec un homme qu'elle n'aimait pas pour des raisons politiques orchestre un scandale lors de la cérémonie en bastonnant son mari et le prêtre (encore une association de la femme à la force et à la violence physique) avant de s'enfuir dans la forêt où elle s'est organisée en résistance. A l'époque les femmes étaient également susceptibles de se faire enlever par un homme surtout si elles étaient belles et riches. A partir de ce constat qui part d'une réalité, les femmes se sont organisées pour rester maîtres de leurs vies : si elles étaient contraintes au mariage forcé, elles organisaient leur enlèvement avec la complicité de leur prétendant favori où elles simulaient un enlèvement en s'enfuyant sans nécessairement de complicité masculine. Mais à l'inverse une femme pouvait aussi enlever son mari (oui oui!). Nous avons l'exemple de Marjorie de Carriek - comtesse anglaise - qui lors d'une balade en forêt rencontre un jeune et beau chevalier. Elle l'enlève de force et l'enferme dans son château, c'est donc ici le jeune homme qui est contraint au mariage forcé. (Et ces deux joyeux amants enfanteront de clic Robert Ier d'Écosse ou Robert de Brus clic qui régna sur l'Écosse de 1306 à 1329). A l'époque, la femme n'avait pas plus de tabous sexuels que l'homme. Les modèles littéraires féminins étaient très libérés et la pruderie n'était pas du tout une qualité. Exemple : si le mari ne pouvait pas satisfaire sa femme, celle-ci pouvait le dénoncer en place publique et demander réparation. Si la femme se plaignait, le mari était porté nu en place publique et son membre était "testé" par des matrones (entreprise très humiliante vous en conviendrez). Le sexe n'était donc pas négatif à l'époque (cf. l'injonction divine "croissez et multipliez" répétée 4 fois au début de la Bible dans la Genèse). Si la femme était présentée dans la tradition chrétienne comme porteuse de péché et tentatrice c'est naturellement en prolongement de l'épisode biblique du pêché originel avec Adam et Eve, mais - faut-il le rappeler - cet épisode s'ancre droitement et strictement dans la tradition gréco-romaine de la boîte de Pandore : il ne s'agit pas d'une invention chrétienne visant à diaboliser la femme mais cette image traduit les réalités des états d'esprits d'époque qui étaient fortement influencés par le mythe de Pandore dans leur perception de la femme. Présenter l'épisode de la pomme et du péché originel comme une nouvelle attaque dirigée contre la femme et une dégradation manifeste de sa condition traduit une méconnaissance concernant les textes et les mentalités. Les principales figures qui véhiculaient la foi au Moyen-Âge était les clercs par la prêche et la copie de textes. Les religieux, n'avaient aucun contact charnel physique avec la femme, qui faisait figure pour eux de terra incognita. Comment s'étonner dans un tel cadre que l'idéal féminin de l'époque repose sur un objectif physiquement irréalisable pour elle? C'est-à-dire faire des enfants tout en restant chaste? Plus que tenant d'un parti pris idéologique, ces affirmations sur la femme modèle traduisent bien davantage une ignorance de ce qui a trait strictement à la matière. A partir de 1350 une catastrophe sociale projette la femme sur le devant de la scène : il s'agit de la peste noire qui ravage à l'époque pas moins des 2/3 de la population. Dans un tel cadre on manque de main d'oeuvre pour faire tourner le pays. Le statut des femmes change donc à nouveau et elles reprennent les mêmes droits que les hommes : elle peuvent travailler, posséder des terres etc. Mais 100 ans plus tard, en 1450, la population s'est relevée et émerge peu à peu une ambiance sexiste : les hommes reprochent aux femmes de prendre leur place dans la société et d'être trop nombreuses au pouvoir. Une haine entre les hommes et les femmes commence à poindre. Cette haine est pleinement concrétisée en 1484 lorsque le pape émet une bulle pontificale qui déclare l'existence effective des sorcières (notons que c'est une décision du pape et que l'on ne trouve rien de tel dans les textes bibliques). Là débute un temps extrêmement terrible et noir pour les femmes : n'importe quel homme, désirant s'attribuer les terres d'une femme ou prendre son emploi, peut l'accuser de sorcellerie et la faire exécuter. Des dizaines de milliers de meurtres de femmes sont rendus légitimes et légalisés. Il faut bien noter encore une fois que la bulle pontificale est émise juste à la fin de Moyen-Âge. La stricte chasse aux sorcières a donc pleinement lieu durant la Renaissance (qui est paradoxalement attribué à un siècle éclairé, grand et humaniste). Retournons à la femme guerrière, au Moyen-Âge vous l'avez compris, personne ne s'étonne du statut guerrier de la femme qui peut défendre un château, faire la guerre mais aussi remplacer son propre mari sur les champs de bataille. L'archétype de la femme guerrière est Jeanne d'Arc, rappelons qu'elle n'a pas été brûlée à cause d'une accusation de sorcellerie. A la mort de Jeanne d'Arc (1431) il faut bien noter que PERSONNE ne croit aux sorcières, cette figure relève du mythe pur et simple jusqu'à l'émission de la bulle pontificale en 1484. Jeanne d'Arc n'a donc pas été brûlée pour sorcellerie mais bien pour travestissement : pour prendre la tête des troupes et être massivement suivie elle a pris l'identité d'un chef guerrier. Elle aurait naturellement pu combattre en tant que femme mais elle n'aurait pas pu si facilement soulever des troupes comme elle projetait de le faire. Pour se recentrer sur la littérature, la femme apparaît dans la littérature du XIIème siècle dans un cadre généralement courtois. Avant cet idéal d'éducation, les chevaliers pouvaient être vulgaires et rustres, il n'y avait pas d'obligation chevaleresque de bonne conduite et de courtoisie. Le chevalier doit à présent pleinement mériter la femme aimée. Mais les troubadours poussent plus loin la chose en créant la fin'amor. Ce nouvel art d'aimer créé par les troubadours intègre une éthique de la sexualité sublimée dans les valeurs chevaleresques. Il faut savoir parler au dames. De plus, la femme aimée doit être doublement inaccessible : 1) socialement (elle est de rang plus élevé que l'amant) : 3) socialement (elle est généralement mariée -> idée de la transgression du sentiment amoureux). On pourrait citer deux couples célèbres de fin'amants : - Guenièvre et Lancelot (Lancelot est chevalier, Guenièvre est reine ; de plus elle est mariée avec le Roi Arthur). - Tristan et Yseut (Yseut est reine Tristan est chevalier ; de plus elle est mariée avec le roi Marc'h). La fin'amor apparaît au début du XIIème siècle mais les clercs commencent à la mettre à mort dès la fin du XIIème et l'enterrent totalement au XIIIème siècle. Ce nouvel art d'aimer ne dérange pas la religion parce qu'il glorifie la femme (ce qui était déjà le cas de l'amour courtois) mais parce qu'il élève la femme et ses objets au rang d'idole or l'idolâtrie est un péché chrétien par excellence. Ainsi lorsque Lancelot part à la recherche de Guenièvre, il trouve en chemin un cheveu d'or qu'il adore, qu'il sanctifie au statut de relique ce qui substitue la femme aimée au Christ même. En réaction à cela, des romans chrétiens comme le Haut livre du Graal attaquent la femme comme étant une petite orgueilleuse qui s'oppose à la sainte femme (dont le modèle, on l'a vu, peut-être représenté par Guibourc dans la chanson de geste des Aliscans). Si la femme est prise pour cible, c'est pour accentuer le côté polémique de l'attaque mais en réalité ce n'est pas elle qui est visée, mais le sentiment qu'elle inspire et ses adorateurs. De fait c'est donc le lecteur potentiel du Haut livre du Graal (le noble) qui est attaqué ici par le biais de la peinture démystificatrice de la femme. Si Guillaume d'Orange et Guibourg pouvaient être perçus dans les Aliscans comme un couple de fin'amants (Guibourc est déjà mariée, et elle est princesse alors que Guillaume n'est que chevalier) cette représentation du couple est méthodiquement détruite par la sanctification chrétienne de Guibourc qui vise à la légitimer en tant que femme sainte à l'inverse exacte d'un personnage comme Yseut. La force, le courage, la violence guerrière sont paradoxalement des qualités de la femme chrétienne et sainte ce qui vient contredire les visions obscurantistes du Moyen-Âge et de la vision soumise et fragile de la femme qui justifierait une domination masculine dans la chrétienté. La femme au Moyen-Âge ne correspond donc pas du tout aux visions fantasmées qu'a pu relayer la Renaissance a posteriori en calquant ses propres conceptions de la femme sur toute une période qui s'étend sur 1000 ans. Il convient toujours, dans une perspective critique, de remettre en cause nos préjugés au regard des réalités historiques et religieuses de l'époque. Tout jugement convient d'être nuancé et dès lors présenter le christianisme comme un recul net de la condition de la femme apparaît non seulement abusif mais aussi tout à fait erroné. That's all folks! (PS : sorry pour les fautes d'orthographe ou d'inattention s'il y en a, je n'ai malheureusement pas eu le temps de me relire, je verrais ça plus tard). N'hésitez pas à commenter je suis curieuse d'avoir vos avis. | |
| | | Azède
Nombre de messages : 4625 Age : 32
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 20 Oct 2012 - 12:12 | |
| Up! Un topic qui m'a demandé une journée de recherche. Je crois que c'est le plus abouti, et le topic qui m'a demandé le plus de travail de toute l'histoire de ce forum. On demande de poster des topics, de faire vivre le forum etc mais en contrepartie on a pas la moindre réponse. Ca fait chaud au coeur. | |
| | | Ajna
Nombre de messages : 433 Age : 42
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 20 Oct 2012 - 12:32 | |
| Houla, t'es un peu cash là je trouve...C'est le cas pour plusieurs d'entre nous et les topics qu'on ouvre. On a pas forcément de réponse à tous les sujets qu'on peut créer et c'est vrai que c'est déroutant, mais il y a quand même plus d'activité depuis quelques temps, on peut pas le nier.
Honnêtement, je dois dire que j'ai essayé de te lire ton post, et j'ai eu du mal. Probablement parce que je suis larguée sur le sujet. Je trouve ça complexe et difficilement accessible.
Je parle pour moi là hein, j'imagine que pour d'autres c'est très clair et peut-être que d'autres sont comme moi là dessus. Du coup, difficile de répondre. Ce qui ne remet pas en cause le boulot que tu as du faire pour créer ce post.
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| | | Azède
Nombre de messages : 4625 Age : 32
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 20 Oct 2012 - 13:27 | |
| Diantre! Si on a plus le droit de faire la chieuse!
Mais franchement, c'est débile, si tu comprends pas demande-moi des explications, si je le poste c'est pour qu'on en discute non? Ca sert à quoi de se dire je comprends pas c'est pas pour moi, tschuss? | |
| | | A.H. Admin
Nombre de messages : 10610 Age : 36
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 20 Oct 2012 - 17:57 | |
| Je trouve super que t'ai ouvert ce topic et c'est vrai que c'est dommage de pas avoir de réponses, et je suis fautive pour le coup. Dès que je rentre de mon WE je le lirai (et si je pige pas grand chose je poserai des questions, promis !). Mais bon, ne nous emballons pas non plus, on va pas se disputer. ^^
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| | | Azède
Nombre de messages : 4625 Age : 32
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 20 Oct 2012 - 20:48 | |
| Joyce est à cran en ce moment, faut pas faire attention ^^
En fait, je m'en fiche un peu si le topic fait pas débat, ça sera dommage mais pas dramatique. Par contre j'ai l'impression que le forum a pris une dimension trop disproportionnée par rapport à l'activité qui y règne. Il est articulé en je ne sais pas combien de sections, je ne sais pas combien de catégories, et au final on en perd les topics. J'ai cette impression que les échanges sont fragmentés sur une architecture complexe et que du coup c'est difficile de suivre, même avec de la bonne volonté. | |
| | | Ajna
Nombre de messages : 433 Age : 42
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 20 Oct 2012 - 21:40 | |
| Oh mais on se dispute pas, enfin je le vois pas du tout comme ça...je cherche pas le conflit mais bien le partage quand je répond. Franchement j'espère que tu le prends pas mal Joyce. Peut-être que je suis pas délicate parfois et je m'en excuse.
C'est vrai que c'est pas toujours évident de se retrouver sur le forum cela dit vu le nombre de sujets, il y a eu un sacré taf de fait. On peut peut-être en parler sur un sujet spécialement pour ça ?
Pour revenir au topic. Quand je dis que je suis larguée sur le sujet, ce n'est pas pour dire que "ce n'est pas pour moi". Ma curiosité a été éveillée et comme je te disais, j'avais commencé à te lire, mais je me suis vite rendue compte que je n'ai pas du tout connaissance des références que tu cites, un manque de culture là dessus, qui je m'aperçois, est franchement handicapant pour pouvoir bien intégrer l'ensemble du travail que tu as fait.
Du coup, j'ai pris le temps ce tantôt de me poser un bon moment (d'où ma réponse tardive ^^) pour tout lire. Ce que j'ai fait d'ailleurs deux fois... car certains passages étaient vraiment obscures pour moi. Cela dit malgré le fait que j'ai un manque de référence, je pense avoir saisi le sens de ta démarche. Ce que j'en ai compris (et n'hésite pas à me reprendre si je suis à coté de la plaque), c'est que tes recherches permettent de prendre conscience que l'image de la femme n'était pas dégradante si on y intègre le contexte. Aussi bien le contexte historique, social et politique. On sent l'importance de prendre en compte ces trois contextes pour pouvoir comprendre. Enfin de compte, tu nous montres que l'image de la femme se dégrade, mais non pas par rapport à des faits, mais bien par l'interprétation qu'au fil du temps on en a faite.
En te lisant et si j'ai bien compris, cette image négative est arrivée en même temps que des faits historiques notamment la peste, la chasse aux sorcières mais aussi par une certaine mentalité de la renaissance qui a amplifié et déformé tout ça par la suite ?
Dans ton travail, tu parles d'oeuvres, dont les chansons de geste, aurais-tu quelques extraits à nous proposer qui appuierait ta réflexion ? Et une dernière chose, j'ai du mal à distinguer la différence entre l'amour courtois et le fin'amor ?
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| | | Keagan Admin
Nombre de messages : 12008 Age : 36
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 20 Oct 2012 - 23:47 | |
| Très honnêtement, Joyce, j'ai juste rien trouvé à répondre à part : "joli topic, bien fait, toussah", et tu sais (peut-être) que je deteste ce genre de réponses inutiles. Je connais très mal la littérature médiévale, alors la place de la femme dans la littérature médiévale... Le seul sujet approchant que je connais, c'est la place de la femme dans l’œuvre Jacques le Fataliste et son Maitre (un devoir de terminale auquel j'ai eu une bonne note), mais à par ça j'y connais pas grand chose. D'où ma non réponse, je pensait sincèrement que quelqu'un d'autre aurait au moins un truc à dire. Mais ce qui est vrai aussi, c'est que j'ai lu ton topic et j'ai appris deux trois petites choses, mais ça c'était inutile de le dire. | |
| | | Azède
Nombre de messages : 4625 Age : 32
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Dim 21 Oct 2012 - 0:07 | |
| Non non t'inquiète je le vois pas comme une dispute hein! Franchement je suppose qu'on a d'autres chats à fouetter que de se prendre la tête pour ça Mon message d'Up était un peu abusé, c'est parce que - comme je le dis dans un message au-dessus - je suis un peu à cran en ce moment. Merci pour tes remarques j'en attendait pas tant ^^ Je vais essayer de te répondre point par point. - Citation :
Pour revenir au topic. Quand je dis que je suis larguée sur le sujet, ce n'est pas pour dire que "ce n'est pas pour moi". Ma curiosité a été éveillée et comme je te disais, j'avais commencé à te lire, mais je me suis vite rendue compte que je n'ai pas du tout connaissance des références que tu cites, un manque de culture là dessus, qui je m'aperçois, est franchement handicapant pour pouvoir bien intégrer l'ensemble du travail que tu as fait. Peut-être que je n'ai pas assez vulgarisé mon propos. En réalité, il n'est pas nécessaire de connaître les références que je cite (notamment les chansons de geste) puisque j'essaie de les résumer afin d'éclaircir la référence que j'y fais. - Citation :
- Du coup, j'ai pris le temps ce tantôt de me poser un bon moment (d'où ma réponse tardive ^^) pour tout lire. Ce que j'ai fait d'ailleurs deux fois... car certains passages étaient vraiment obscures pour moi.
Cela dit malgré le fait que j'ai un manque de référence, je pense avoir saisi le sens de ta démarche. Ce que j'en ai compris (et n'hésite pas à me reprendre si je suis à coté de la plaque), c'est que tes recherches permettent de prendre conscience que l'image de la femme n'était pas dégradante si on y intègre le contexte. Oui c'est ça. En gros je suis parti d'une affirmation de l'opinion générale selon laquelle la femme est dégradée dans la Bible. A partir de là je me suis dit que faire une recherche d'exégèse biblique serait inutile dans la mesure où c'est de mâché et du remâché et que réfléchir sur la Bible seule n'était pas très éclairant sur la réalité de la condition de la femme. Donc je me suis posé la question de savoir par exemple, quelle pouvait être la condition de la femme au Moyen-Âge, une période connue pour être très chrétienne et tout spécialement noire pour l'humanité (d'un point de vue d'individu lambda du XXIème siècle). A partir d'éléments de contexte appartenant au domaine historique, religieux et littéraire j'ai donc étudié cette condition pour en venir à la conclusion qu'elle était pratiquement à l'opposé des idées qu'on pouvait s'en faire (idée générale de la femme au Moyen-Âge : femme soumise qui doit être belle et chaste puis servir en tant qu'objet procréateur =/= éléments soulignés par le contexte : femme guerrière, contestataire, revendiquant des droits). - Citation :
- Aussi bien le contexte historique, social et politique. On sent l'importance de prendre en compte ces trois contextes pour pouvoir comprendre.
Enfin de compte, tu nous montres que l'image de la femme se dégrade, mais non pas par rapport à des faits, mais bien par l'interprétation qu'au fil du temps on en a faite. Oui, en réalité les différentes périodes ont écrit l'histoire en portant un regard rétrospectif sur les temps antérieurs. Mais ce regard rétrospectif n'était pas nécessairement normé selon les codes de la recherche historique actuelle (recoupement des sources, recherches sur le terrain, réunion de faits... etc.). Du coup ce regard, et donc cette histoire, s'en trouvent naturellement empreints d'une certaine vision des choses qui - par la force des choses - est orienté dans un sens ou dans l'autre. Ainsi, la Renaissance a façonné l'image de la jeune femme médiévale enfermée dans un château attendant son fier chevalier sur son destrier et qui lui fera ensuite beaucoup d'enfants. Cette image de la femme est hautement dégradante dans la mesure où elle la peint comme dépendante de l'homme et dans une double identité totalement inconciliable : la jeune fille chaste d'un côté et la procréatrice de l'autre. Cette image - comme je l'ai expliqué - a été construite a posteriori par la Renaissance (XVIème s.) elle n'avait strictement aucune réalité au Moyen-Âge (autre problème : une époque dite éclairée apparaît finalement comme rétrograde comparé à une période qui elle, était dite obscure). - Citation :
- En te lisant et si j'ai bien compris, cette image négative est arrivée en même temps que des faits historiques notamment la peste, la chasse aux sorcières mais aussi par une certaine mentalité de la renaissance qui a amplifié et déformé tout ça par la suite ?
En fait pas exactement, la peste a contribué, en plein Moyen-Âge à redonner des droits à la femme car le pays manquait cruellement de bras. Cette déflagration dramatique qu'est la peste noire a donc paradoxalement contribué à redonner à la femme un statut social égal à l'homme (et j'insiste sur le mot "égal" de même que sur le mot "redonner" car la femme avait déjà un très bon statut social avant le XIIème siècle en France). La peste est donc positive en un sens (c'est assez flippant ce que je viens d'écrire Oo). Par contre la bulle papale qui lance la chasse au sorcière vient sanctionner ces femmes qui, s'étant vu offrir un statut égal à celui de l'homme, jouissent désormais de réels avantages (terres, travail, etc.). Cette bulle papale survient dans un moment de tension entre hommes et femmes : maintenant que la population est rétablie après la peste (vers la fin du Moyen-Âge) les hommes ont l'impression de voir leur place volée par la femme dans une concurrence farouche. La chasse au sorcière viendra légaliser des dizaines de milliers de meurtres de femmes (trainées en justice pour sorcellerie afin qu'on puisse impunément ravir leurs terres et leurs biens). Et justement, cette bulle papale (1484) survient juste à la fin du Moyen-Âge, l'essentiel de la chasse aux sorcières a lieu durant la Renaissance (paradoxalement réputé pour être un siècle éclairé face aux ténèbres du Moyen-Âge...). C'est donc un faisceau de conjointures qui vient modeler la condition de la femme au fil des conflits du temps. - Citation :
Dans ton travail, tu parles d'oeuvres, dont les chansons de geste, aurais-tu quelques extraits à nous proposer qui appuierait ta réflexion ? Oui, alors, si j'ai pas mis d'extraits c'est tout simplement parce que... les extraits dont je dispose sont en ancien français. Je peux essayer de traduire mais bon... Extrait du Haut livre du Graal (ou Perlesvaus) : Ici on a l'illustration du roman qui va refuser le principe de fin'amor (qui glorifie la femme au statut d'idôle) au nom du christiannisme. En effet cet ouvrage se présente dès le départ comme étant : - Citation :
- "Li estoires du saintisme vessel que on apele Graal, o quel li precieux sans au Sauveeur fu receüz au jor qu'il fu crucefiez por le pueple rachater d'enfer : Josephes le mist en remenbrance par la mencion de la voiz d'un angle, por ce que la veritez fust seüe par son escrit e par son tesmoignage, de chevaliers e de preudomes, coment il voldrent soffrir painne e travaill de la loi Jhesu Crist essaucier, que il volst renoveler par sa mort e par son crucefiement."
"Voici l'histoire du très saint vase que l'on appelle Graal, dans lequel le précieux sang du Sauveur fut recueilli le jour où il a été crucifié, pour racheter les hommes et les délivrer de l'enfer ; c'est Joséphé qui en a fait mémoire, sous la dictée de la voix d'un ange, afin que, grâce à son écrit et à son témoignage, on connaisse la vérité sur les chevaliers et les saints hommes, sur la façon dont ils acceptèrent de souffrir peines et tourments pour exalter la Loi de Jésus-Christ, celle qu'il a voulu renouveler par sa mort et sa crucifixion." Dans cette perspective chrétienne, il n'est pas acceptable qu'un homme puisse élever une femme au rang de Dieu comme pouvait le faire Lancelot avec Guenièvre (dont il adorait un cheveu comme une relique : cf. Le chevalier à la charrette de Chrétien de Troyes). Ce texte très chrétien démonte donc le modèle de la fin'amor en mettant en scène plusieurs fois, Lancelot en train de refuser les charmes d'une femme (comme pourrait le faire un moine par l'ascèse). - Citation :
- "Sire, fait ele, cist chastiaus est en vostre conmandement, s'en vos ne demeure, et de moi poez vos bien savoir le penser envers vos ; je volroie que vos pensiez autresi envers moi! [...] A! Lancelot! fait ele, conme estes bons chevaliers et malvais en faillez autre maniere! Je ne quide chevalier el monde qui me refusast, se vos non! Ce vos vient de felonie et d'outrage et de lasseté de coer!"
"Seigneur, dit-elle, ce château est à vos ordres, il ne tient qu'à vous, et en ce qui me concerne, vous connaissez parfaitement mes pensées à votre égard ; je voudrais bien que vous ayez les mêmes pensées envers moi! [...] Ah! Lancelot! s'exclama-t-elle, comme vous êtes bon chevalier, mais comme vous êtes méchant et perfide dans les autres domaines! Je n'imaginais pas qu'un seul chevalier au monde me refuserait, en dehors de vous! Tel est l'effet de la traîtrise, de la présomption et d'un coeur blasé!". Juste pour le plaisir, un extrait de portrait galant dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes. - Citation :
- "Les chevox tex, s'estre poïst
Que bien cuidast qui les veïst Que il fusent tuit de fin or Tant estoient luisant et sor Lo front ot blanc et haut et plain Tes con se fust ovrez de main Et que de main d'ome ovrez fust De pierre ou d'ivoire o de fust Les sorcis bruns et large antr'oil An la teste furent li oil Rïent et vair, cler et fandu Et la nos droit et estandu Et mielz avenoit an son vis Li vermaus sor lo blanc assis Que li sinoples sor l'argent." "Elle avait laissé ses cheveux libres et leur nature était telle, si la chose est possible, qu'on aurait dit à les voir qu'ils étaient entièrement d'or pur, tant leur dorure avait de lumière. Elle avait le front tout de blancheur, haut et lisse, comme fait à la main, d'une main d'artiste travaillant la pierre, l'ivoire ou le bois. Ses sourcils étaient bruns, bien écartés l'un de l'autre. Dans son visage, les yeux, Bien fendus, riaient, vifs et brillants". Pour Guibourc, la femme guerrière dans la chanson des Aliscans, il y a par exemple ce passage où elle défend son château et refuse d'ouvrir la porte à un chevalier portant des armes païennes mais qui en fait est Guillaume. - Citation :
- "Et dist Guiborc : "Vassal, n'i enterrez.
Tote sui sole, n'a o moi home nez Fors cest portier et un clerc ordenez Et un enfant n'a pas XV anz passez Et fors nos fame qui les cuers ont tirez Port lor mariz qui mis sire a menez En Aleschans sor paiens deffaez. N'i avra porte ne guichet deffermez Jusque Guillelmes soit ariere tornez Li gentix quens qui de moi est amez. Dex le garisse, qui en croiz fu penez!" "Et Guibourc dit : "Chevalier, vous n'entrerez pas Je suis toute seule, je n'ai avec moi aucun homme Hormis le portier et un prêtre Ainsi qu'un enfant qui n'a pas 15 ans. Je suis avec ces dames qui ont le coeur brisé Par leur maris qui ont été amenés aux Aliscans par mon époux pour tuer ces maudits paiens. Aucune porte, aucune poterne ne seront ouvertes Tant que Guillaume ne sera pas revenu Ce noble comte que j'aime de tout mon coeur. Que Dieu qui a souffert le martyre sur la croix le protège!" D'ailleurs juste après cette scène Guillaume se met à pleurer parce que sa propre femme défend son propre château contre lui-même. C'est assez cocasse (mais j'ai la flemme de traduire). - Citation :
- Et une dernière chose, j'ai du mal à distinguer la différence entre l'amour courtois et le fin'amor ?
Alors l'amour courtois instaure seulement l'idée que l'homme doit mériter la femme. La fin'amor tend cette idée vers sont paroxysme en peignant des histoires d'amour impossibles parce que la femme est doublement inaccessible (socialement elle est de naissance trop haute et elle est déjà mariée). De plus le fin'amant va littéralement adorer la belle qui prend la place de Dieu (il vénère son corps et ses effets personnels comme des reliques) ce qui est un grave péché dans la religion chrétienne. Voilà voilà. | |
| | | Ajna
Nombre de messages : 433 Age : 42
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Dim 21 Oct 2012 - 19:33 | |
| Bon, toi à cran, moi pas toujours délicate...au final, ça a permis au sujet d'être approfondi, c'est ça qui est chouette ! En fait, je crois que tu sous estimes ma réelle non-culture là dessus... j'ai aussi d'ailleurs dû regarder des mots dans le dico que je ne connaissais pas. Je pense qu'effectivement, tu résumes bien puisque j'ai compris en partie le but de ton travail. Merci à toi aussi, d'avoir répondu à mes questions, d'ailleurs, avec ton complément d'explication, je saisi bien saisi l'idée générale qu'on se fait de la femme et les éléments que le contexte réel met en avant. C'est ça aussi qui est fou, enfin qui m'a vraiment percuté, le fait de prendre conscience qu'en fait la Renaissance dite période de lumière, s'est complètement égaré du contexte passé. Et ce qui est encore plus fou, c'est les répercussions que ça a eu. Je comprends mieux aussi l'impact des faits historiques, du coup, je trouve pas ça horrible de dire que la peste à eu des bons côtés pour la place de la femme dans la société. Cela dit, c'est quand même dingue qu'il ait fallu un tel fléau, d'attendre un point de non retour pour qu'on redonne aux femmes des droits égaux aux hommes. Et puis la chasse aux sorcières, bon sang, j'en avais pas du tout cette vision non plus. Franchement abominable. Whouaaaa, je savais pas que les textes sont en ancien français...franchement merci pour la traduction. Par contre, je bug un peu là dessus...en fait le texte religieux détourne complètement la véritable histoire de Lancelot, c'est ça ? On peut se dire que ça a été fait dans le but précis de manipuler ? Bon, je comprends mieux la différence entre l'amour courtois et le fin'amor, ce dernier à une dimension plus spirituelle que le premier. | |
| | | Azède
Nombre de messages : 4625 Age : 32
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Dim 21 Oct 2012 - 22:41 | |
| Non non le texte du Haut livre du Graal ne détourne pas l'histoire de Lancelot pour manipuler, il fait un détournement pour ridiculiser le fin'amor qui était considéré comme un péché. Le but n'est pas de manipuler le lecteur (qui connait d'ailleurs très bien le Lancelot de Chrétien de Troyes) mais davantage de réinterpréter la figure pour la mettre en adéquation avec les desseins du livre (tout en taclant le fin'amor au passage). | |
| | | Ajna
Nombre de messages : 433 Age : 42
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Mar 23 Oct 2012 - 21:32 | |
| Ah ok, j'avais pas vu ça comme ça en fait. Cela dit, ce détournement comme tu dis, à quand même eu une influence négative alors que les gens connaissaient la véritable histoire. Le résultat à quand même eu une incidence sur l'image de la femme (à travers le détournement du fin'amor). | |
| | | Uriahftw
Nombre de messages : 779 Age : 91
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 4 Mai 2013 - 11:45 | |
| Rien que pour ce topic, je suis déjà heureux d'être revenu. Merci. | |
| | | Azède
Nombre de messages : 4625 Age : 32
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 4 Mai 2013 - 15:31 | |
| Ahah! Je viens de relire le topic, y'a plein de fautes! x) Disons qu'il a été rédigé par un enthousiasme débordant qui m'a empêché de me concentrer sur l'orthographe :p Je remarque que je bitche bien sur la Renaissance, c'est le sujet qui s'y prête bien hein ^^ en réalité je préfère généralement le XVIe siècle au Moyen-Âge, du moins pour la littérature (oui oui je me justifie, je vois que tu fais une référence à Rabelais en signature alors...) . | |
| | | Uriahftw
Nombre de messages : 779 Age : 91
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 4 Mai 2013 - 18:35 | |
| Entoukajaikiffétrotonekspozé tavu ? | |
| | | Azède
Nombre de messages : 4625 Age : 32
| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion Sam 4 Mai 2013 - 18:40 | |
| Bah c'est cool! J'avais passé toute une après-midi en BU pour ça. J'en posterai d'autres alors à l'avenir! | |
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| Sujet: Re: La femme médiévale : historicité, littérature et religion | |
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| | | | La femme médiévale : historicité, littérature et religion | |
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