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 Le sonnet de la mort de Jean de Sponde

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Azède

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MessageSujet: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 14:28

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JEAN DE SPONDE a écrit:
Mais si faut-il mourir ! et la vie orgueilleuse,
Qui brave de la mort, sentira ses fureurs ;
Les Soleils haleront ces journalieres fleurs,
Et le temps crevera ceste ampoule venteuse.

Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le verd de la cire esteindra ses ardeurs ;
L'huile de ce Tableau ternira ses couleurs,
Et ses flots se rompront à la rive escumeuse.

J'ay veu ces clairs esclairs passer devant mes yeux,
Et le tonnerre encor qui gronde dans les Cieux.
Ou d'une ou d'autre part esclatera l'orage.

J'ay veu fondre la neige, et ces torrens tarir,
Ces lyons rugissans, je les ay veus sans rage.
Vivez, hommes, vivez, mais si faut-il mourir.

Salut tout le monde! J'avais envie de partager ce texte, n'hésitez pas à commenter, discuter, réagir, ce sera avec plaisir!
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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 14:59

J'ai une petite question: comment tu as choisis ce tableau? J'ai bien saisi le lien avec les vanités, pas de soucis, mais pourquoi celui-là en particulier?
(d’ailleurs les références du tableau: Vanité, ou allégorie de la vie humaine, Philippe de Champaigne, première moitié du XVIIème)

Bref, je trouve ce poème intéressant dans ce cadre, il nous exprime la fugacité de la vie, et l'omniprésence de la mort. Entre autres choses.
Le rapport aux vanités est ce qui me semble le plus intéressant dans ce sonnet, et dans le contexte historique, aussi.
Les deux, les vanités et ce sonnet (je suis allé chercher la date : 1588) se situent dans l'époque baroque. J'ai pas les capacités de faire tout un spitch sur l'époque baroque, mais ça me semble quand même important à souligner, ça aide à comprendre les mécanismes utilisés dans ce sonnet.
Tu me dira si je me trompe, mais je vois l'époque baroque comme une continuité de l’époque renaissance, où l'homme est placé au centre des préoccupations.
Ici le poète semble faire un constat de sa propre vie, il se remet lui-même à sa place face à ces concepts que sont le temps et la mort; mais j'ai aussi l'impression qu'il tente de "prévenir" l'humanité qui cours vers des besoins futiles, de plus en plus.
A ce titre, ce poème pourrait parfaitement se replacer dans notre contexte historique. On a un peu oublié que quoi qu'on fasse, quelque soit le but de nos vies, il n'y a qu'une seule fin possible - sachant cela, on se doit de vivre dans l'humilité.
Du moins c'est ce que j'ai compris.
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Azède

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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 16:15

Keagan a écrit:
J'ai une petite question: comment tu as choisis ce tableau? J'ai bien saisi le lien avec les vanités, pas de soucis, mais pourquoi celui-là en particulier?
(d’ailleurs les références du tableau: Vanité, ou allégorie de la vie humaine, Philippe de Champaigne, première moitié du XVIIème)

Déjà parce que j'adore les vanités du XVIIe siècle. Ensuite pour le lien que tu soulignes avec le sonnet. Pourquoi celui-là en particulier? Parce que je trouve qu'il s'attache à un certain dépouillement que j'aime beaucoup et qui est présent aussi dans le sonnet avec le dernier vers. Le crane est au centre, il est assez énorme, posé sur une table en pierre et l'arrière plan et noir. Pas d'échappatoire, aucune alternative. C'est pour ça que j'ai choisi cette vanité là et pas une autre ^^

Ce sonnet est une pièce que je trouve vraiment splendide. Pour ta référence au baroque oui, c'est pertinent même si on parle plus trop de baroque aujourd'hui. Mais effectivement ce texte appartient tout à fait à ce qu'on pourrait qualifier de "baroque" selon la terminologie de Jean Rousset. Y'a tout, le mouvement, la métamorphose, l'outrance etc.

Keagan a écrit:
Tu me dira si je me trompe, mais je vois l'époque baroque comme une continuité de l’époque renaissance, où l'homme est placé au centre des préoccupations.
Ouais euh non là pas vraiment par contre. Parce que justement, le "baroque" pourrait plutôt s'apparenter à un infléchissement de l'humanisme. Y'a plus la foi en l'homme comme le centre de tout. A contraire on rentre vraiment dans une phase d'inquiétude de la pensée d'où ces motifs de mouvements qui reviennent, les mutations, les métamorphoses qui reprennent le "panta rhei" d'Héraclite : tout coule, tout passe. Du coup non on est pas vraiment dans la lignée de la Renaissance.
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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 17:53

Merci pour ta réponse, je comprend mieux ton choix.

Oui au sujet du baroque, j'ai lu sur la définition wiki (j'avoue, je checke, quand même, histoire de pas dire une connerie plus grosse que moi Uriah ), et y'a une ligne qui dit qu'aujourd'hui on n'emploie plus vraiment ce mot, pas plus qu'il n'était utilisé à l'époque. Mais ils disaient pas par quoi remplacer ce mot - ce qui est d'un pratique.

Ça me semble quand même être une problématique profondément humaine, ce rapport à la mort, à l'existence et aussi à la foi.
Mais si je comprend bien ce que tu dis, en fait ce n'est plus tant se concentrer sur l'homme, que l'homme qui se concentre sur le reste?
Je veux dire, ce poème, par exemple, comme les vanités en général, montre l'homme comme en infériorité face aux concepts que sont la vie, la foi, la mort, le temps, etc.
Mais ça reste une problématique portée sur l'être humain et son rapport au monde, même s'il n'en est plus le centre.
C'est comme retourner un gant, les deux faces sont diamétralement opposées, mais c'est toujours un gant. (métaphore trop ouf, n'est-ce pas? Uriah )

Enfin, je sais bien que mon raisonnement n'est pas vraiment juste par rapport à ce que tu dis, dans les faits. Selon les définitions de ces mouvements, ils sont très différents, mais je ne sait pas, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'ils étaient liés.
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Azède

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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 19:06

En fait on ne parle effectivement plus du tout de baroque et encore moins de l'opposition baroque/classique. A la place on avait pensé quelques temps parler de pré-classique mais c'était tout aussi mauvais voire bien pire puisque ça laissait entendre que tout un pan de la littérature d'époque n'était qu'une "préparation" au classique. Ce qui est totalement faux. Du coup y'a pas de notions à la place, on préfère parler en termes de date, par exemple pour le théâtre "baroque" on dit "théâtre des décennies 1630 - 1640".

Alors j'ai pas compris ce que t'essaies de montrer sur les mouvements là. Mais en gros oui bien sûr qu'ils sont profondément liés, en littérature tout se répond. Cependant leurs perspectives sont vraiment autres. Pour expliquer un peu, y'a un élan incroyable à la Renaissance autour du pouvoir de l'homme, savoir, découverte du monde, accroissement des connaissances et des moyens de sa diffusion. Un texte représentatif de cela : cf. lettre que Gargantua écrit à Pantagruel dans le Pantagruel de Rabelais. Bon après il y a toute une série d'infléchissements notamment autour des guerres de religion : cf. l'opposition entre Ronsard (recueil = Discours des misères de ce temps / catholiques) et Agrippa d'Aubigné (recueil = les tragiques / protestants). Le long poème épique d'Agrippa d'Aubigné, est considéré comme une fresque "baroque", marquée par toutes les inquiétudes, les doutes sur l'homme, sur la légitimité des rois et leurs gestes, sur tout un tas de choses. Il y développe les problématiques des mutations du moi et de l'éphémérité de toute vie, et partant des règnes et des despotes. Mutation du moi qui se retrouve dans tout son éclat chez Montaigne avec ses Essais (<3<3<3<3). cf. "le monde est une branloire pérenne".
Etc etc.
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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 19:57

Heu... en fait je comprend pas non plus très bien ce que tu essaies de m'expliquer. Uriah (on est pas rendues, c'est moi qui te le dit).

Je pense tout simplement qu'on n'a pas les mêmes connaissances sur ces deux mouvements, tu as, on va dire ça simplement, quatre ans de connaissances en littérature que je n'ai pas.
De ce fait, je ne comprend pas ce dont tu me parles, d'autant que tu me parles de concepts que je n'ai jamais appris et qu'il m'est difficile de comprendre (grosso modo: pour que je comprenne "expliquez moi ça comme si j'étais un gosse de six ans" - dixit Denzel Washington dans Philadelphia).

Et inversement, vu que je n'ai pas toutes les connaissances approfondies et de fait le vocabulaire pour exprimer mon idée, tu ne peut pas comprendre ce que je raconte, parce que c'est comme essayer de comprendre le langage d'un enfant de 1 an et demi. Alors que ça me parait vraiment très clair.

Et je dois t'avouer que je n'ai aucune foutre pine idée de comment débloquer ça, parce que je ne sais pas comment t'expliquer plus avant mon idée.

Voilà en schéma la façon dont je comprend ces mouvements:

Renaissance = tout centré sur l'humain
"Baroque" = l'humain centré sur le monde
Mais dans les deux cas il y a questionnement autours de l'humain.


Dernière édition par Keagan le Dim 5 Mai 2013 - 20:01, édité 1 fois
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Azède

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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 20:00

C'est quoi les mots que tu comprends pas dans ce que j'ai écrit? Je vais essayer d'expliquer mieux ^^

Very Happy
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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 20:18

C'est pas tant dans le vocabulaire que dans les concepts, que je n'arrive pas à visualiser, en fait.
Parce que je suis quand même capable de chercher les définitions des mots que je ne connais pas, donc ça, en général ça me pose pas de problème.
Mais y'a une différence entre la définition d'un mot (la signification d'une phrase), et ce qu'il désigne.
C'est sur ce qu'il désigne que je bute très souvent.

Je te quote ce que j'ai pas compris:

Citation :
y'a un élan incroyable à la Renaissance autour du pouvoir de l'homme, savoir, découverte du monde, accroissement des connaissances et des moyens de sa diffusion.

Bon là, je pense avoir compris l'idée... Grosso modo, et pour parler le plus simplement du monde: à la Renaissance on a compris ce dont l'homme était capable, dans les domaines artistiques, scientifiques, techniques, etc...
Mais ça n'est plus le cas pendant l'époque baroque?
Je ne saisi pas très bien l'idée.


Citation :
Bon après il y a toute une série d'infléchissements notamment autour des guerres de religion.

Je comprend pas déjà, le terme "infléchissements", je le comprends pas dans cette phrase (mais je sais ce que ça veux dire).
D'autant que cette phrase me semble ne pas être liées à celles qui l'encadrent... Du coup je comprends pas à quoi ces infléchissements se réfèrent.

Citation :

Il y développe les problématiques des mutations du moi et de l'éphémérité de toute vie, et partant des règnes et des despotes.

Là je t'avoue que l'expression "mutations du moi" me perturbe un peu. Je sais ce que ça veut dire (d'un point de vue grammaire), mais je ne comprend pas ce que ça désigne.
Et après j'ai pas saisi la phrase, en fait, pourquoi "partant des règnes et des despotes"?

Comme dirait l'autre: "my brain hurts".

(ah au fait, j'éditais mon post quand tu m'a répondu, j'ai ajouté un détail)
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Azède

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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 21:12

Citation :
Renaissance = tout centré sur l'humain
"Baroque" = l'humain centré sur le monde
Mais dans les deux cas il y a questionnement autours de l'humain.

Well. Non pas vraiment. C'est pas schématique. Et en fait, c'est pas ça. Pour la "Renaissance" ça vient d'Italie au XIVe siècle. En fait, ce concept est aussi critiqué parce qu'il suppose un contraste fort entre le XVIe et le Moyen-âge qui tendrait à représenter le Moyen-âge comme une période sombre et sinistre durant laquelle les progrès humains sont en stagnation. Cependant le terme de "renaissance" est employé par des savants de l'époque, des hommes de lettres etc. L'élite d'époque sent donc bien qu'ils vivent une époque de renouveau, de progression. C'est aussi pour ça qu'on garde ce terme, parce que c'est un sentiment d'époque (alors que le terme de "baroque" a été appliqué des siècles après - il me semble, au XIXe siècle, il faut que je vérifie - sur tout un pan de la littérature alors désigné artificiellement et de façon qui s'avèrera non pertinente). Oui donc, revenons à nos moutons. Ces hommes ont le sentiment de vivre une "renaissance", un renouveau des arts, des lettres etc. L'imprimerie se développe et permet une progression nette de la diffusion des livres. Des groupes de lettrés se réunissent et progressivement pointe ce qu'on appelle "l'humanisme", on pense l'homme comme étant la mesure du monde (cf. tableau de De Vinci avec un homme inscrit dans un cercle et un carré). On découvre de nouveaux territoires, l'homme a une soif de connaissance et on pense que plus cette connaissance sera étendue, plus l'homme s'engagera en même temps dans un progrès moral. D'où les efforts de l'étude pour acquérir une connaissance encyclopédique par exemple. Bref, foi en l'homme, foi en son pouvoir, en sa connaissance à son empreinte sur le monde etc etc.
On produit donc des oeuvres brillantes qui exaltent la puissance de l'homme, la légitimité des monarques et des princes, leur rayonnement (notamment François Ier).

Vers la fin du siècle, les connaissances progressent et les inventions également. Grâce à l'optique et aux inventions de lentilles on prend conscience de l'infiniment grand et de l'infiniment petit. La théorie de l'homme comme mesure du monde, comme centre de la Création en vient donc à se nuancer dangereusement. Parallèlement les atrocités des guerres de religion divisent les hommes même ces élites humanistes poursuivant les mêmes idéaux (cf. couple Ronsard VS Agrippa d'Aubigné qui s'affronte par recueils de poèmes interposés). La foi dans le monarque est fortement ébranlée et les portraits élogieux sont totalement inversés :

Henri III selon Agrippa d'Aubigné dans Les Tragiques

Agrippa d'Aubigné a écrit:
L'autre fut mieux instruit à juger des atours
Des putains de sa Cour, et plus propres aux amours,
Avoir ras le menton, garder la face pâle,
Le geste efféminé, l'oeil d'un Sardanapale ;
Si bien qu'un jour des Rois ce douteux animal,
Sans cervelle, sans front, parut tel en son bal :
De cordons emperlés sa chevelure pleine,
Sous un bonnet sans bord fait à l'italienne,
Faisait deux arcs voûtés ; son menton pinceté,
Son visage de blanc et de rouge empâté,
Son chef tout empoudré, nous montrèrent ridée
En la place d'un roi une putain fardée.
Pensez quel beau spectacle, et comme il fit bon voir
Ce prince avec un busc, un corps de satin noir
Coupé à l'espagnole, où des déchiquetures,
Sortaient des passements et des blanches tirures;
Et afin que l'habit s'entresuivît de rang,
Il montrait des manchons gaufrés de satin blanc,
D'autres manches encor qui s'étendaient fendues,
Et puis jusques aux pieds d'autres manches perdues ;
Ainsi bien enmanché, il porta tout ce jour
Cet habit monstrueux, pareil à son amour :
Si qu'au premier abord, chacun était en peine
S'il voyait un Roi femme ou bien un homme Reine.

Voilà, du coup la pensée s'inquiète, les idéaux se nuancent. On voit de plus en plus l'homme comme un être perdu et misérable. On ne croit plus aux choses pérennes, aux temples construits de toute éternité, tout passe et je citais Héraclite : "panta rhei" : tout coule. Rien n'a de prises. La pensée entre en neurasthénie, on voit le monde comme un théâtre (cf. theatrum mundi), une comédie grotesque dans laquelle les hommes sont des pantins et plus les acteurs de leurs destins. D'où l'apparition de thématiques nouvelles. Jean Rousset dans son livre La littérature française de l'âge baroque en France cristallise ces réseaux thématiques à l'aide de deux figures : Circé et le Paon. Circé représente la métamorphose, l'éphémérité des choses, le changement et le perpétuel mouvement. Le paon représente l'outrance, la comédie du paraître, le théâtral, l'artificialité des rapports humains (cf. notamment la figure du courtisan). Quand je parle des mutations du moi, je pense surtout à Montaigne qui écrit "je suis la matière de mon livre". A travers l'examen minutieux de lui-même, il donne à lire la condition de l'homme, les changements de sa pensée, ses évolutions, sa matière qui se transforme. On entre dans une phase plus pessimiste.
Keagan a écrit:

à la Renaissance on a compris ce dont l'homme était capable, dans les domaines artistiques, scientifiques, techniques, etc...
Mais ça n'est plus le cas pendant l'époque baroque?
Je ne saisi pas très bien l'idée.
Oui, il y a un enthousiasme à la Renaissance autour des connaissances etc. parce qu'on pense qu'elle permettent de grandir l'homme, de le faire progresser. Et il y a un parallèle entre progrès des connaissances et progrès moral. Après, le "baroque" avec les guerres de religion etc, voit ces idéaux s'ébranler. On relativise sérieusement sur le génie des grands monarques etc. Bref, le tableau s'assombrit
AZ a écrit:

Bon après il y a toute une série d'infléchissements notamment autour des guerres de religion.
Je parle des infléchissements de la pensée qui va changer de cap : ex. : depuis la croyance en l'homme comme mesure du monde, on va penser l'homme comme un petit point tout perdu dans un monde qui le dépasse totalement. Les guerres de religion permettent cet infléchissement de la pensée car elles montrent les atrocités dont l'homme est capable. De plus elles opposent des "frères" des gens qui se reconnaissent dans les mêmes idéaux de connaissance etc.

AZ a écrit:
Il y développe les problématiques des mutations du moi et de l'éphémérité de toute vie, et partant des règnes et des despotes.

Keagan a écrit:
Là je t'avoue que l'expression "mutations du moi" me perturbe un peu. Je sais ce que ça veut dire (d'un point de vue grammaire), mais je ne comprend pas ce que ça désigne.
Et après j'ai pas saisi la phrase, en fait, pourquoi "partant des règnes et des despotes"?

"Mutations du moi" << cf. les Essais de Montaigne. "je suis moi-même la matière de mon livre" puis Pascal "le moi est haïssable".
"Partant" dans ce contexte ça veut dire "du coup". Je reformule : Il y développe les problématiques des mutations du moi, de l'éphémérité de toute vie, et donc de l'éphémérité des règnes et des despotes.

Voilà voilà.
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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 21:58

Rien qu'en lisant ton premier paragraphe, j'ai compris ce qui cloche dans mon raisonnement: j'ai fait un trèèèèès mauvais amalgame Renaissance / Humanisme, en fait.
Ben du coup ce que tu dis prend tout son sens tout à coup! Idea

Merci pour tes précisions, c'est beaucoup plus clair pour moi. ^^

De fait, je vois rien à ajouter.^^

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Azède

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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 22:04

L'humanisme est un des aspects de la Renaissance ^^
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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeDim 5 Mai 2013 - 22:37

Oui, mais on va dire que j'ai parlé de Renaissance en pensant uniquement Humanisme, d'où mon erreur. ^^
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Uriahftw

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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeLun 6 Mai 2013 - 1:58

Azède, tu veux pas devenir prof d'histoire ? I love you
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Azède

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MessageSujet: Re: Le sonnet de la mort de Jean de Sponde   Le sonnet de la mort de Jean de Sponde Icon_minitimeLun 6 Mai 2013 - 12:21

Uriahftw a écrit:
Azède, tu veux pas devenir prof d'histoire ? I love you

Ahah! Prof de littérature ça sera déjà pas mal!
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