Certains groupes ont une carrière toute tracée, sans surprise, à la limite du ridiculement linéaire. D'autres sortent de nul part, nous assomment d'une ou deux œuvres majeures avant de disparaître tout aussi rapidement du circuit, leur ombre planant ensuite durant de nombreuses années au dessus du microcosme alternatif. Parmi ces derniers, My Bloody Valentine occupe une place de choix. Figure de proue et instigateur du mouvement des Shoegazers, ceux-là mêmes qui fracassèrent les rythmiques rock classiques à coup de parpaings en fuzz et disto, le groupe américano-dublinois a pourtant connu un début d’existence difficile, voir insignifiant.
Après s'être formé au milieu des années 80, Kevin Shields et sa bande de shamrocks buveurs de stout partent pour Berlin enregistrer leur premier Ep pour une obscure maison de disque. This Is My Bloody Valentine reste assez anecdotique et, le succès n'étant pas au rendez-vous, le groupe part pour la perfide Albion, pour Londres plus précisément. De là ils enregistrent un second maxi qui reste encore méconnu (Geek) et qui comme son prédécesseur part vite aux oubliettes, le groupe ne perce toujours pas. Kevin Shields amère et déçu veut tout plaquer et rentrer au pays de l'oncle Sam lorsque Kaleidoscope Records leur fait enregistrer The New Record by My Bloody Valentine qui, si il ne leur apporte pas une notoriété particulière, a au moins le mérite de les sortir un peu de l'ombre.
Mais les défections et les enregistrements anodins s’enchaînent, et le chanteur décide de jeter l'éponge. L'effectif se stabilise pourtant avec l'arrivée au chant de Bilinda Butcher. C'est aussi à partir de cette période que le son du groupe s'étoffe et commence à prendre de l'ampleur.
Moins Lo-Fi, ils tiennent enfin une part mélodique de qualité et plusieurs succès de maxis et autres singles, par la suite regroupés dans le pseudo album Ecstasy & Wine, commencent à faire parler.
Viens l'année 1988 et la réalisation du maxi You Made Me Realize et de leur premier véritable album, Isn't Anything, sorti par le label devenu culte Creation Records. Les prémices du son Shoegaze sont dors et déjà là et bien là, grâce à un gros travail en studio (le groupe et l'équipe de production dormant très peu durant l'enregistrement de l'album). Cet album voit la popularité (qui reste exclusivement critique à cette époque) du groupe grimper en flêche.
Le second album, le fameux Loveless (1991, 20 ans !), est une véritable consécration critique, et un tour de force avant gardiste de premier ordre. Les guitares rythmiques laissent exploser leur fureur disto tandis que la batterie martèle ses fûts inlassablement et que la basse se voit accorder une part mélodique qui peut surprendre au premier abord. Cette album est caractérisé par un incroyable boulot en studio, le tout exacerbé par le perfectionnisme de Kevin Shields qui n'hésite pas à appliquer des dizaines de filtres supplémentaires à sa guitare déjà bien méconnaissable, et dont les pistes sont enregistrées en plusieurs fois et jouées en même temps, mixant, remixant et sur mixant les chants et les chorus. Ce dernier aurait selon ses propres dires utilisé jusqu'à 50 pédales d'effets au cours de certains concerts.
Malgré l'enthousiasme de la presse, le succès auprès du public d'un son assez difficile d'accès reste timide. Au final, la popularité du groupe n'aura jamais été aussi forte que lorsqu'il était inactif au cours du reste des années 90 et débuts des années 2000. Jamais vraiment séparé, pas pour autant actif, un autre album aurait même pu voir le jour sur Island Records, si son coût n'avait pas été jugé trop important du fait d'une préparation trop longue.
Aujourd'hui, le groupe s'est réactivé depuis 2007 en enchaînant quelques tournées, Kevin Shields assénant à qui veut l'entendre que le groupe retravaillerai son album inachevé.
Du point de vu de l'influence musicale, elle est considérée comme majeur au cours des 20 dernières années. Première vague du Shoegazing, avec notamment Ride et Slowdive, le groupe mixe la recette des Cocteau Twins, des Jesus & Mary Chains et de Sonic Youth en allant encore plus loin dans l'avant garde. Shields a été un producteur reconnu, a joué dans Primal Scream, et a été au crédit de quelques films en tant que compositeur ou encore en tant que "Noise consultant" (!).
Le groupe représente évidemment une influence majeure pour la nouvelle vague de groupe bruitistes qui sévit maintenant depuis quelques années (A Place To Bury Strangers, The Radio Dept, M83, No Age...).
Discographie :
Albums :
This Is Your Bloody Valentine (1985) Ecstasy & Wine (1987) Isn't Anything (novembre 1988) Loveless (novembre 1991)
EP :
This is Your Bloody Valentine (janvier 1985) (Mini album 7 titres) Geek (décembre 1985) The New Record by My Bloody Valentine (septembre 1986) Sunny Sundae Smile (février 1987) Strawberry Wine (août 1987) Ecstacy (novembre 1987) (mini album 7 titres) You Made Me Realise (août 1988) Feed Me With Your Kiss (novembre 1988) Glider (avril 1990) Tremolo (février 1991)
Dernière édition par RTH le Ven 6 Avr 2012 - 23:00, édité 2 fois
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Sujet: Re: My Bloody Valentine Sam 9 Avr 2011 - 11:13
Je remarque qu'à part Feed me with your kiss, tu n'as pas mis d'autres chansons de Isn't Anything le premier album du groupe et le seul que je connaisse pour le moment (choppé à 1 euro ^^). J'ai juste lu qu'il était moins radical que le suivant Loveless. Mais il y a quand même des perles à foison. Genre ça :
J'aime beaucoup l'alternance de voix entre Kevin et Bilinda tout le long de l'album. En tout cas merci à toi d'avoir fait l'effort de lancer ce topic. Et le lien avec Sonic Youth est je crois assez évident (effets de guitares, alternance entre voix homme/femme et même distance dans la musique).
Adarkar
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Sujet: Re: My Bloody Valentine Sam 9 Avr 2011 - 12:28
Pour moi, l'écoute de Loveless est obligatoire pour comprendre la musique inspirée "rock" des années 90.
Je connait surtout l'album Loveless donc qui est un petit bijou d'intensité mélodique et MBV c'est le pied pour un bassiste.
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Sujet: Re: My Bloody Valentine Sam 9 Avr 2011 - 15:06
Richter a écrit:
Je remarque qu'à part Feed me with your kiss, tu n'as pas mis d'autres chansons de Isn't Anything le premier album du groupe et le seul que je connaisse pour le moment (choppé à 1 euro ^^). J'ai juste lu qu'il était moins radical que le suivant Loveless. Mais il y a quand même des perles à foison. Genre ça : [...] J'aime beaucoup l'alternance de voix entre Kevin et Bilinda tout le long de l'album. En tout cas merci à toi d'avoir fait l'effort de lancer ce topic. Et le lien avec Sonic Youth est je crois assez évident (effets de guitares, alternance entre voix homme/femme et même distance dans la musique).
J'ai surtout mis des morceaux tirés de Loveless puisque c'est la masterpiece (ou magnum opus) de MBV. Pour le reste, j'ai voulu balayer large dans leur disco, d'où la présence de l'excellente Strawberry Wine qui nous sort tout droit le leur période pré-Creation Records. Elle devrait te plaire d'ailleurs vu ce que tu dis sur l'alternance Butcher/Shields. Après, je pouvais pas non plus tout mettre (j'ai quand même mis 1h1/2 pour faire le topic correctement, et je continue d'éditer quand je vois des fotes dortograffe), mais c'est clair que Isn't Anything reste une plaque tournante du Rock Alternatif de la fin des années 80.
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Sujet: Re: My Bloody Valentine Sam 9 Avr 2011 - 15:17
Il va donc falloir que je me trouve Loveless pas cher...
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Sujet: Re: My Bloody Valentine Dim 10 Avr 2011 - 21:39
Boarf, il doit pas excéder les 10€ je pense.
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Sujet: Re: My Bloody Valentine Ven 6 Avr 2012 - 23:03
http://www.nme.com/news/my-bloody-valentine/63110
ARRÊTES DE PARLER SHIELDS ET FAIS LE !!!!!!
Hannnnnnnn, si seulement...
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Sujet: Re: My Bloody Valentine Sam 29 Déc 2012 - 0:06