@Alva: je pense que tu aurais pu mélanger dessin et peinture dans ce topic, pour moi ça me semble très lié.
Je dessine également depuis toujours, j'aimais faire des portraits, inventer des personnages, je leur inventaient une histoire. Jusqu'à mes 9-10 ans, tous mes personnages avaient un nom, une fiche d'identité, une histoire. (Aujourd'hui ils ont un titre, ce qui reviens sensiblement au même).
Je ne sais pas pourquoi j'ai toujours presque essentiellement dessiné des femmes. Je les trouves plus "dessinables", enfin c'est très personnel, je préfère dessiner des courbes féminines, dessiner des hommes m'a toujours mis mal à l'aise, et de fait quand j'en dessine, ils ont invariablement un côté androgyne (ou alors n'ont plus rien de figuratif).
Je ne me suis jamais arrêtée à une seule technique, parce qu'elles ne se prêtent pas toutes aux mêmes effets. Je dessine principalement au crayon gris (3b le plus souvent), que je réhausse de crayon noir, de pastel ou d'encre pour accentuer le contraste.
Je n'aime pas les dessins juste gris, ils me paraissent plats et sans substance, alors j'ajoute toujours du noir.
Pour ce qui est des couleurs, j'en utilise aussi, pour d'autres dessins. Un tout bête visage de femme, en couleur n'a pas grand intérêt pour moi, mais si je dessine une fée*, là ça deviens intéressant.
[*Je dessine quatre choses: ♦des femmes, ♦des fées - et autres créatures féminines genre dryades etc, ♦des monstres et des personnages "cassés", "abîmés", et plus récemment: ♦des dessins naifs avec toujours des monstres, des animaux déformés, des gens abîmés - toujours avec les "petits monstres noirs" (qui ressemblent un peu la bannière du forum, en plus) et toujours avec ce sourire immense à la Cheshire cat, parce que ça amène un côté dérangeant]
Les techniques que j'utilise: crayon, graphite (mine de plomb), peinture acrylique, aquarelles, encre (et stylo tout bête), feutres (pour mes dessins de style naif principalement, mais je peut tout aussi bien m'en servir pour du figuratif pur et dur). Et de temps en temps, crayon de couleurs (technique que je ne maitrise pas très bien, en fait, mais j'essaie de temps en temps), pastels, fusain.
Je n'ai jamais essayé la peinture à l'huile, parce que ça me fait un peu peur, en fait, j'ai l'impression que ça demande beaucoup de préparation, beaucoup de technique, et j'ai le sentiment erroné que "c'est pompeux".
De même que je n'ai jamais essayé la peinture "virtuelle" (tablette graphique, pour dire ça simplement), juste parce que c'est trop cher pour moi, et je trouve ça un peu aseptisé. On a pas du tout le même rapport, on ne maitrise pas la pression, les effets, les "aléas". Ça n'a plus rien d'organique.
Je ne me vois pas privilégier une de ces techniques au détriment d'une autre, elles ont toute quelque chose à apporter, elles amènent chacune une sensation très différente à l'utilisation.
Le support peut également être n'importe quoi. Et quand je dis n'importe quoi... Tant qu'une des techniques accroche sur ce support, je dessine / peint.
Mon problème: le manque de patience.
De fait mon évolution en terme de technique est très lente. Et je rate souvent mes dessins, soit parce que je veux les finir trop vite, soit parce que je ne les finit pas.
Si je dois faire un dessin sérieux et fini, il faut que je m'interdise les pauses, sans ça, je décroche, et je ne le finit pas.
Je passe en général deux ou trois heures sur un portrait complet (je ne dessine jamais le fond, je n'aime pas ça, le sujet étant le personnage que je dessine, je refuse de le voir parasité par un arrière plan trop encombré - sauf rares exceptions).
Pourquoi je dessine? Je n'en sais rien. Peut-être parce que c'est une façon de faire sortir de moi mes démons, mes émotions. C'est une catharsis.
Généalogiquement parlant, mon père dessine également (enfin plus maintenant), il faisait beaucoup d'abstrait au pastel et aquarelle (et c'est lui qui me fournit tout mon matos!
); ma mère dessinait les modèles qu'elle allait confectionner (elle est couturière); ma soeur, aussi dessine; mon frère peut reproduire avec une exactitude effarante les personnages de comics et de BD, de même que les agrandir sans perdre la moindre proportion.
Et plus loin: mes grands-parents maternels peignaient et dessinaient.
Mon rapport à la critique:
Comme Alva, il est assez houleux. Je ne supporte pas qu'on se plante à côté de moi et qu'on regarde par dessus mon épaule, ça me donne le sentiment d'être épiée, ça me mets très mal à l'aise. C'est comme si on m'observait chier, je peux juste pas, alors en général quand je dessine je deviens aigre et j'envoie chier tout le monde.
Je ne supporte pas d'être interrompue. Pas plus que je ne supporte les compliments "oh mon dieu mais tu dessine trooooop bien, quoi.", ça ne m'apporte rien, et je ne sais pas pourquoi, ça m'énerve.
Sur le net, c'est un peu moins fort, on me dit que je dessine bien... ben osef.
Mais à l'inverse, quand on me critique, j'ai toujours cette petite fierté mal placée, qui me fait penser "NON IL EST PARFAIT! :'( ", alors même que je sais que ce n'est pas vrai. Appelons ça de la fierté, et de la mauvaise foi, parfois.
C'est peut-être parce qu'en fait, mes dessins sont très personnels, et qu'on pose une opinion dessus, d'une certaine façon ça m'agresse.
Alors même que - dans le même temps- j'ai besoin des avis, pour m'améliorer d'une part, et pour avoir une forme de reconnaissance d'autre part.
Pour cette même raison, ce qui m'insupporte au plus haut point, c'est quand ma mère prend mon dessin, le regarde et dit "ah celui là tu me le donnes".
Il n'y a rien de pire que ces deux phrases: "C'est beaaauuuu, tu dessine trop bien" et "ah celui là tu me le donne". Je me sens comme agressée, c'est très intrusif, ça m'évoque (de façon imagée, je suppose que ça n'a rien a voir) un viol et un vol.
Je suis très paradoxale, et de ce fait: je ne suis jamais ni satisfaite ni déçue de ce que j'ai créé - sauf en de rares cas où je suis soit l'un soit l'autre.
Avant-hier par exemple, j'ai été trop déçu de la merde que j'étais en train de faire (pour ma commande), alors dans ces cas là, mon humeur deviens... explosive.
Je gueule, j'insulte, je froisse, déchire et jette, j'envoie chier tout le monde, je bougonne, en un mot comme en cent: ça me mets dans une rage folle. (et parfois je pleure, mais rarement).
Parce que c'est parfois un combat que d'essayer de reproduire quelque chose que l'on voit avec une grande précision et moult détails dans sa tête. C'est très frustrant parfois, d'avoir l'image, d'une qualité photographique dans la tête - et de ne pas parvenir à le rendre sur papier.
Bref, le dessin et la peinture: c'est un bouillon d'émotions contradictoires. En un seul dessin ou tableau on peut voir défiler toute la palette de nos émotions. Pour un résultat qui au final terminera au fond d'un tiroir.
Parce qu d'une certaine façon, un dessin, c'est la représentation d'un instant T, instant qui n'existe plus des mois plus tard quand on regarde à nouveau ce dessin - sauf parfois où quand on tombe sur un vieux dessin qui nous rappelle cet instant, on voit tout à coup les différences, ce qui a changé et ce qui est resté pareil (en technique comme dans sa vie), c'est un peut comme un check point, ça permet de faire une espèce de bilan.
Et dans mon cas, je l'admet, des fois, je suis très fière d'un dessin qui m'évoque tout un tas d'émotions, alors je les regarde, amoureusement, parfois même je les accroche pour les regarder, les observer. C'est comme si ma propre âme me regardait elle aussi.
C'est comme un miroir des émotions.